
Né en 1963, avant les événements de mai 68, élève de l’école républicaine publique et devenu ingénieur à l’école d’agronomie de Paris-Grignon, je pensais naïvement que l’objectif collectif comme individuel de chacun était d’améliorer l’existence de nous tous. Par le collectivisme, le socialisme, le capitalisme, le libéralisme ou toute autre idée politique, l’ambition était d’organiser la société afin d’aménager une vie meilleure pour le plus grand nombre. C’était l’humanisme.
Quelle naïveté, quel raisonnement puéril, quelle crédulité ! La vérité est tout autre. C’est en lisant Les Illusionnistes, l’ouvrage lumineux de Géraldine Woessner et d’Erwan Seznec, que je découvre, effaré, que certains se lèvent chaque matin non pour améliorer la vie de la cité, mais pour, au contraire, la détériorer ! Ceci au nom d’une croyance : l’Homme n’est finalement qu’une simple espèce animale qui doit renoncer aux fruits de son innovation millénaire au nom de la Nature.
À la hauteur de leur profession
Ces deux journalistes, dignes de leur profession, ont mené une enquête très approfondie pour dévoiler l’imposture de l’écologie politique qui, malgré sa très faible représentativité démocratique, est à l’origine de politiques publiques majeures depuis vingt ans. Ils analysent un à un les débats écologistes pour les évaluer soigneusement à la lumière des avis scientifiques, afin de les remettre à leur véritable place. Ils nous rappellent qu’un danger n’est pas un risque dès lors que celui-ci est maîtrisé. Puis, en s’appuyant sur de nombreux faits et preuves convaincantes, ils décrivent comment l’écologie politique s’est organisée depuis quarante ans, non pour résoudre des problèmes, mais pour les construire médiatiquement sur la base de données et d’informations volontairement travesties.
Impostures en série d’une nouvelle religion
Le pire dans cette histoire, c’est que les conséquences de ces impostures ont été immenses. D’abord pour le climat, car les solutions mises en œuvre en son nom lui ont été néfastes. Ensuite, pour les citoyens dont les paysages et la qualité de vie s’en sont trouvés durablement dégradés. Enfin, pour la jeunesse de ce pays qui a subi de plein fouet cette vision pessimiste du futur et qui, finalement, a été dépossédée de son envie d’avenir. À tel point que la jeunesse européenne semble désormais atteinte d’une éco-anxiété aiguë.
On peut tout de même regretter que ces militants de la première heure aient bénéficié, pour leurs impostures, de la complicité des leaders d’opinion. Ceux-ci, pourtant, sont censés exiger des preuves et de la cohérence dans les affirmations des lanceurs d’alerte. Médias, enseignants, intellectuels : nombreux sont ceux qui ont relayé ces affirmations écologiques que l’on découvre aujourd’hui infondées. Ce narratif apocalyptique et culpabilisant a infusé dans la société telle une nouvelle religion basée sur la morale plus que sur la science. Parfois, la science a même été détournée pour servir de caution à ces contre-vérités.
Anti-humanisme au service d’une nature sauvage
Dans cette enquête exemplaire, les acteurs de l’écologie politique sont tous identifiés, et leurs manœuvres sont décrites avec précision. On comprend que leurs motivations sont anti-humanistes et anti-populaires. Illuminés par leur vision utopique d’une nature bienveillante, ils œuvrent pour réduire l’Homme à un être vivant comme un autre, qui doit, à ce titre, laisser sa place à la Nature sauvage, seule valeur d’intérêt à leurs yeux.
Agriculture, énergie, transports, médicaments, phytosanitaires, nucléaire, génétique… tous ces secteurs, pourvoyeurs de progrès pour notre pays autrefois innovant, ont été la cible de leurs méfaits. La France a dû abandonner ses positions de leader dans ces domaines sous la pression médiatique, détournée des avis scientifiques. Les politiques se sont retrouvés otages de ces organisations militantes et ont voté, depuis vingt ans, des politiques de déconstruction du progrès, imaginées méthodiquement par ces idéologues anti-humanistes.
Déconstruction du progrès humain
Déconstruction du secteur nucléaire, envahissement des campagnes par les éoliennes, interdiction des OGM, ZFE, ZAN, DPE, interdiction de phytosanitaires (pourtant évalués par les agences et réputés sans risque majeur, cf. glyphosate), création à grands frais d’une myriade d’agences et de comités pour inspecter, contrôler, réglementer nombre d’activités (ondes, bio, OGM, biodiversité, énergie, automobile…).
On peut aujourd’hui affirmer qu’une part importante des politiques françaises et européennes des vingt dernières années a concerné des actions anti-progrès et anti-croissance. L’économie française ne tourne plus pour l’avenir de nos enfants, mais pour répondre aux angoisses des boomers retraités qui demandent à être protégés du moindre risque. Les militants écologistes l’ont bien compris et savent parfaitement œuvrer pour attiser ces angoisses.
Cet ouvrage remarquable doit inspirer nos politiques et nos leaders d’opinion afin qu’ils comprennent le piège dans lequel ils sont tombés et qu’ils reprennent, ensemble, la grande marche du progrès humain pour construire un avenir heureux pour les futures générations.
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