Comment garantir la sécurité alimentaire ? C’est une préoccupation qui semble être sortie des radars des décideurs politiques, plutôt préoccupés par la lutte contre l’épidémie d’obésité. Et pourtant dans une étude de mars 2024 le cabinet Cways faisait état d’un taux de 37% de français touchés par l’insécurité alimentaire. Mais il y a peut-être encore un sujet plus préoccupant, c’est celui de l’autonomie de notre agriculture, car de celle-ci dépend en partie la sécurité alimentaire. C’est ainsi qu’alerté par les crises de la Covid et de l’Ukraine, une vingtaine d’experts de l’Académie d’Agriculture ont décidé de faire le point sur celle-ci dans « Agrofournitures quelle autonomie française et européenne ? » Dans ce livre pluridisciplinaire des experts font le bilan de notre autonomie dans les domaines de l’énergie, de l’agro-équipement, du numérique, des semences, des fertilisants, de la protection des cultures. Pour présenter cette véritable mine d’informations, André Fougeroux (1), membre de l’Académie et secrétaire de la section agrofourniture, a bien voulu répondre à nos questions.
The European Scientist : Vous avez supervisé l’ouvrage collectif « Agrofournitures quelle autonomie française et européenne ? », qu’est-ce qui a motivé la rédaction de cet ouvrage pluridisciplinaire ?
André Fougeroux : En 2020, pendant la crise liée à la COVID-19, dans un livre qui a été publié par l’Académie d’Agriculture, nous avions rédigé un paragraphe intitulé “l’agriculture française, bien loin de l’autonomie, en matière d’intrant et d’équipements agricoles”, un peu une ébauche du sujet de l’ouvrage à venir.
Vingt membres de l’Académie d’Agriculture ont voulu approfondir cette analyse succincte et surtout inclure les avis d’acteurs de chacun de ces secteurs de l’agriculture. Les grandes catégories de cette analyse étaient balisées dans la mesure où les gens qui ont voulu contribuer étaient des membres de la section agrofournitures de l’Académie, experts dans les domaines de l’énergie, de l’agro-équipement, du numérique, des semences, des fertilisants, de la protection des cultures…
Par contre – et là nous sommes conscients de nos lacunes – nous aurions souhaité ajouter un chapitre sur l’alimentation du bétail, sur les médicaments vétérinaires et aussi le matériel d’irrigation. Nous n’avons pas traité ces trois domaines car nous n’avions pas d’expert dans notre section sur ces sujets.
TES. : On a entendu quelques signaux alarmants sur la balance du commerce extérieur, sur le retour de l’insécurité alimentaire, sur la crise du secteur agricole (mouvement « on marche sur la tête »)…. Peut-on articuler ces signaux inquiétants avec vos travaux et si oui comment ?
AF : Les signaux inquiétants sont venus de l’actualité. La COVID a été un déclencheur assez fort…. Un coup de sifflet dans la mondialisation heureuse. L’idée selon laquelle on pouvait s’approvisionner un peu partout a été remise en question. Rappelons-nous que les consommateurs ont eu des craintes pour s’approvisionner, simplement, pour trouver des pâtes et du riz. Les pénuries ont fait émerger l’idée selon laquelle nous n’étions pas maître de notre destin. Cette crise a été amplifiée par l’Ukraine et la guerre qui frappe à nos portes. A ces crises s’ajoutent quelques épidémies animales, on pense à la grippe aviaire, à la FCO (fièvre catharrale ovine). On s’est dit, on est pas si solide que ça sur nos approvisionnements en produits de base et en produits alimentaires.
Un rapport est sorti par le Haut Commissariat au plan intitulé « Reconquête de notre appareil productif » avec la question du commerce extérieur de la France, et qui mettait en exergue que 143 postes agroalimentaires étaient en déficit en France. Ce qui interroge car on se dit que la France est capable de tout produire, c’est un grand pays agricole. Alors qu’au total c’est 22 milliards d’euros de déficit cumulés en 2019 dans lesquels on trouve les fruits, les légumes, un certain nombre de viande et des produits transformés.
Certes, l’agriculture française et européenne restent des agricultures solides, mais il ne faut pas grand-chose pour que la machine s’enraye. Cette solidité de notre agriculture est liée au climat favorable, même si on peut s’inquiéter des dérèglements climatiques à venir. À cela s’ajoutent les conditions géographiques favorables et un vrai savoir-faire agronomique de nos agriculteurs. Il faut tenir compte également des progrès apportés par l’agrofourniture : les semences, les engrais, les produits phyto, le machinisme est plus récemment tout ce qui est technologie numérique. La question était donc « dans quelle mesure on est souverain sur les intrants ». Cette dépendance aux intrants et à leur approvisionnement, est-ce que ça ne fait pas de notre agriculture française et européenne, un colosse au pied d’argile ?
TES. : Un focus important est réalisé sur la transition énergétique avec trois grands piliers que sont la méthanisation, le photovoltaïsme et les biocarburants. Quels sont les enjeux pour l’agriculture française ?
AF : Pourquoi placer le chapitre sur l’énergie en priorité ? Certes, l’agriculture est destinée avant tout à produire de l’alimentation. Mais actuellement il y a un débat qui fait rage sur la possibilité de produire de l’énergie par l’agriculture. Notamment des énergies renouvelables, ce qui dans le cadre de la transition énergétique est tout à fait souhaitable. Les agriculteurs, voyant les revenus de la production alimentaire faiblir, se posent la question d’un revenu complémentaire en produisant de l’énergie. Il s’agit d’une mutation profonde avec d’abord le souhait d’avoir des énergies renouvelables par les populations.
Ensuite, le souhait d’avoir des revenus complémentaires par les agriculteurs. On s’est aperçu que l’agriculture avait toutes les clés en main pour devenir autonome en énergie. Ce serait vraiment un grand pas de libérer le monde agricole de ses factures énergétiques. À la fois technologiquement et en termes de volonté de la profession agricole, je pense qu’il y a moyen à ce que l’agriculture devienne totalement autonome, voire même excédentaire.
Le gros poste, c’est la motorisation qui représente 53 % de la consommation énergétique : quel type de motorisation va-t-on proposer aux agriculteurs ? Actuellement on voit tous les constructeurs se tourner, soit vers des motorisations au méthane ; soit vers des motorisations électriques – mais on arrive vite à une question de puissance ; soit vers des motorisations à l’hydrogène, où là, on peut avoir de forte puissance. On peut imaginer stocker les flux d’énergie dans des petites piles à hydrogène.
Le grand enjeu de l’agriculture est l’autosuffisance énergétique, voire l’exportation d’énergie. Concernant les biocarburants, j’ai été surpris du manque d’ambition du secteur. Ce n’est pas du tout le cas de la méthanisation qui a un plan ambitieux, même si cela a pris du temps par rapport aux Allemands. Pour vous citer une anecdote, j’ai un ami agriculteur qui a voulu se lancer dans la méthanisation et il voulait installer le même système qu’un confrère allemand. L’agriculteur français a finalisé son projet en sept ans, pendant qu’il n’y a fallu que deux années à son homologue d’outre-Rhin. J’espère que l’on va rattraper le retard, il y a un plan plutôt ambitieux qui se déroule plutôt bien.
Concernant le photovoltaisme enfin c’est un plan gigantesque, puisque 80 % des agriculteurs sont concernés avec la présence de panneaux solaires sur les toitures et l’agrivoltaisme dans les parcelles qui se met en place aussi.
TES. : Le matériel, on l’oublie, est une agrofourniture essentielle. Vous consacrez une partie aux agroéquipements et aux technologies numériques. Selon-vous une mutation est en cours. Quelle est l’autonomie de la France et de l’Europe sur ces sujets ?
AF : Sur le matériel, l’Europe est globalement bien positionnée. La France n’est pas très loin de l’autosuffisance. Et en Europe, on est entre 80 et 90 pour cent d’autonomie. Il faut mettre des guillemets à autonomie toutefois, car cela inclue des entreprises étrangères avec des usines en France ou en Europe. On a tout le savoir-faire, on a tous les équipements, on a tout le matériel, on peut être parfaitement autonome en matériel agricole.
TES. : Au sujet des semences, la France reste leader mondial en termes d’exportation, bien qu’elle soit passée à côté des biotechnologies végétales. Quelles sont les opportunités de développement de ce secteur ?
AF : Sur les semences, tous les indicateurs sont au vert. On a le climat, on a un vrai savoir-faire, on a des organisations de producteurs, des organisations de semenciers qui fonctionnent très bien. Les deux seuls petit bémol, c’est les risques sur les brevets, si jamais l’accès aux nouvelles technologies reste trop limité en Europe comme malheureusement on a l’impression que ça se passe : les brevets vont partir ailleurs et on a un risque d’une délocalisation non pas de la production, mais plutôt du savoir-faire en terme de recherche semencière. On a un bon exemple avec ces sociétés, dont la recherche n’est plus en France, mais à l’étranger, notamment sur des blés résistants à la sécheresse.
Le deuxième bémol porte sur les NGT, si la législation n’est pas assez souple, alors les entreprises iront faire leurs travaux de recherche ailleurs. Là, il y a un vrai risque de perdre notre position dominante.
TES. : L’autonomie sur le secteur de la fertilisation semble extrêmement fébrile. Pour quelles raisons ?
AF : Là c’est le gros point noir. C’est le frein du développement de l’agriculture et le frein du développement de l’autonomie. L’arrêt des activités minières en Europe, et la désindustrialisation ont particulièrement impacté les fertilisants minéraux. On est complètement dépendant de sources extérieures d’engrais. Par exemple, notre production d’azote, en France et en EU représente 76 % de notre consommation, 24 % est importée de Russie et d’Egypte. Toutefois, notre production d’azote dépend de méthane d’origine fossile qui n’est pas produit en Europe. Cela nous rend complètement dépendant d’approvisionnement extérieur. D’où l’urgence d’avoir une production d’azote décarbonée pour pouvoir s’affranchir de méthane d’origine fossile. La société Yara, par exemple, investit beaucoup dans la production d’engrais azoté à base d’énergie électrique (on utilise de l’eau et de l’azote de l’air). Cela nécessite beaucoup d’énergie électrique, ils peuvent faire ça en Norvège car le coût de l’électricité hydraulique n’est pas cher. Si on est excellent en production d’électricité, on pourra utiliser une partie pour produire de l’azote décarbonée.
Là où on n’est pas bien du tout, c’est le phosphore et la potasse, intrants pour lesquels les grandes productions sont en Russie, aux États-Unis, au Maroc et au Canada. On est complètement dépendant de leurs importations minières. On avait de la potasse en Alsace, mais on a arrêté de l’exploiter depuis 2004, à la suite de l’arrêt de l’exploitation minière en Europe.
On s’est dit un peu naïvement qu’on allait remplacer par de la fertilisation organique, mais cela ne fonctionne pas. On utilise 150 millions de tonnes de fertilisants organiques en France, qui viennent essentiellement des élevages bovins. Il n’y a pas de surplus pour les zones où il n’y a pas d’élevage. Pour l’instant, on ne peut pas remplacer tout ou partie des engrais minéraux par la fertilisation organique. Qui plus est, il y a une compétition entre les utilisateurs de déchets organiques pour produire de l’énergie ou pour produire des fertilisants. Il y a un choix à faire. Pour nous, c’est le facteur limitant, c’est là-dessus qu’il faut faire porter l’effort.
Si on avait une crise internationale majeure sur les approvisionnements en fertilisant, il faudrait s’attendre à une production française qui chute de 30 %.
C’est le point-clé à résoudre, et ça pose aussi une question à l’agriculture biologique, puisque la faisabilité technique de cette agriculture repose uniquement sur la fertilisation organique. Et si on passe à 25 % de la surface cultivable en bio, ce qui était prévu par le Green Deal, on n’a pas ces fertilisants organiques pour alimenter cette superficie. Le plan de l’agriculture biologique est donc suspendu à la disponibilité en fertilisants organiques.
TES. : En tant que spécialiste de la protection des plantes, quel est votre regard sur ce sujet ? Certains veulent miser sur le biocontrôle et le développement de l’agroécologie, ces pratiques peuvent-elles contribuer à l’autonomie ?
AF : Pour nous, non pas du tout. Si on traite de la protection des plantes classiques, c’est un petit peu comme pour les médicaments, la plupart des industries de production sont parties à l’étranger. Les productions de chimie classique sont détenues à 41 % par la Chine. Ce bouleversement s’est fait en une trentaine d’années. En Europe, il reste 2-3 substances actives qu’on continue à produire. Tout le reste, c’est de la formulation. On n’a plus droit de formuler en France des produits interdits à la vente en Europe. Cela nous permet de garder un petit savoir-faire sur la chimie mais pour l’essentiel celle-ci est partie à l’étranger.
Alors on s’est dit naïvement comme pour la fertilisation, on va remplacer la chimie de synthèse par du biocontrole. Alors c’est vrai que c’est un marché qui est plutôt en croissance, il faut rester un peu mesuré car en France c’était 274 millions d’euros alors que le marché de la protection des plantes c’est 2 milliards… Donc cela ne représente que 12-13 % du marché total. En France, le gros du biocontrole c’est le soufre qui vient de la pétrochimie essentiellement. Sur ce plan, nous ne sommes donc pas trop autonomes.
Quant aux industriels qui veulent investir dans le biocontrole ils font face à une législation très lente : il faut une dizaine d’années pour homologuer une nouvelle solution. Au Brésil, il suffit de deux ans, aux États-Unis trois. En tous les cas, c’est beaucoup plus rapide qu’en Europe. Les petites start-ups qui trouvent un micro-organisme intéressant préfèrent aller le développer aux États-Unis car elles bénéficient d’un retour sur un investissement beaucoup plus rapide. Dernier obstacle pour les produire, il faut des fermenteurs nécessitant de l’énergie et les entreprises préfèrent produire en dehors du continent européen où l’énergie et la main-d’œuvre sont moins chères, si possible près des marchés en forte progression comme le Brésil par exemple.
TES. : Quel bilan général tirez-vous de l’ensemble de ces travaux ? Proposez-vous des solutions pour garantir l’autonomie et si oui lesquelles ?
AF : Ce qui nous a frappé, c’est que tout se tient : si on parle d’énergie on s’intéresse à la motorisation donc on parle d’équipement et on se préoccupe également de la fertilisation (par exemple le méthaniseur et le digestat); si on parle de fertilisation, on parle de biostimulants ; si on parle de biostimulants, il faut des process de fermentation et on retouche au biocontrôle. Et nous ce qui nous avait frappé dans cet ouvrage, c’est ce qu’avait dit le sénateur Laurent Duplomb: il faut arrêter de raisonner secteur par secteur et surtout de réglementer en silo, sans se rendre compte des conséquences, il faut une approche globale ; comment on raisonne globalement sur les intrants pour que la France reste à son niveau de production, voire l’augmente? »
Parmi les solutions mises en avant, on voit comment gagner la bataille de l’énergie sans perdre celle de l’alimentation.
Il faut adapter les réglementations pour qu’elles soient plus proches des réalités agricoles et industrielles et d’ essayer autant que faire se peut de réduire les distorsions avec les pays voisins.
Viser les alignements entre la recherche publique, recherche privée, les producteurs, les utilisateurs, les législateurs…. L’exemple des semenciers est un bon exemple où tout le monde est aligné sur les mêmes objectifs avec ce petit bémol des NGT.
Enfin, il est essentiel de conserver nos atouts en terme de science du vivant en Europe, la recherche du vivant en Europe reste et c’est heureux une recherche de très haute qualité.
(1) André Fougeroux, Ingénieur agronome spécialiste de protection des cultures. Ingénieur au ministère de l’agriculture service de la protection des végétaux (SPV) puis à l’Association de Coordination Technique Agricole (ACTA) avant d’être en charge des insecticides et des traitements de semences puis responsable national agriculture durable en France chez Syngenta. Auteur d’ouvrages de référence et d’articles techniques. Plus d’informations https://www.academie-agriculture.fr/membres/annuaire/andre-fougeroux
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👏Très belle interview d’André Fougeroux, très fouillée, complète et passionnante.
Je suis totalement d’accord sur le constat de la disparition progressive de nos fournisseurs d’intrants, qui suit logiquement celle des agriculteurs, et est aussi encouragée par des pouvoirs publics qui suivent le mirage d’une agriculture utopique « naturelle » et sans intrants.
Cela concerne également machines et matériel.
Pour avoir du matériel de semis direct performant sur des couverts végétaux développés, il faut le commander à l’étranger, de préférence en Amérique du Sud. Les sociétés françaises ont cessé d’en fabriquer, faute de marché local.
Les dilemmes et contradictions, voire les injonctions contradictoires au sujet de la production énergétique sont très bien décrits dans l’article.
Par exemple, l’agrivoltaïsme dans les champs est peut-être rémunérateur pour les agriculteurs, mais très destructeur pour la biodiversité.
Ce travail de l’Académie d’Agriculture de France rend très bien compte de la situation sans issue des agriculteurs européens.
Cependant, l’espoir d’une sortie de crise et d’un bel avenir existe,
pour peu que nous regardions en dehors du périmètre européen dans les pays où
l’Agriculture peut être beaucoup plus efficace qu’elle ne l’est ici sur le bilan énergétique et sur celui de toutes les ressources utilisées.
Ceci rien qu’en améliorant les sols et la génétique.
Outil aratoires, consommation de fioul, temps de travail et génétique obsolète sont en effet des boulets qui rendent les agriculteurs européens moins performants que des africains utilisant les mêmes outils sur des terres encore en bon état.
Les grands pays producteurs qui nourrissent la planète, USA, Canada, Mercosur, Australie, Nouvelle-Zélande, utilisent l’ACS (Agriculture de Conservation des Sols avec semis direct sans aucun travail mécanique du sol) et génie génétique.
L’amelioration des sols et des rendements couplée à des économies considérables d’intrants et de travail obtenues amènent une efficacité énergétique et économique incomparable.
Un bilan énergétique positif est déjà presque possible pour les meilleurs de nos compétiteurs.
Ça se traduit en grande partie par le bilan économique, très attractif pour les producteurs.
La béquille du fossile sera encore un temps nécessaire pour l’engrais azoté et les moteurs, mais ça changera.
L’agriculture est la seule industrie capable de fournir sa propre énergie.
Autrefois 1/3 des surfaces servaient à nourrir les animaux de traction.
Il faudrait chercher des références en Argentine couplant ACS, élevage laitier et méthanisation.
J’avais visité une ferme de 7000 vaches laitières qui fonctionnait ainsi presque en cycle fermé.
Ce sont sur des cas de ce type que l’Académie pourrait travailler, recherchant les meilleures références existantes dans les pays développés, afin d’inspirer les décideurs Français et la Commission Européenne.