La République tchèque préconise le développement des technologies digitales dans les zones rurales afin d’enrayer la migration urbaine et occidentale qui privent le pays de nombre de ses jeunes talents.
L’exode, qu’il soit des campagnes vers les villes, ou vers des pays voisins, est un véritable fléau en République tchèque. Cette migration créée une crise démographique sans précédent, qui affecte tout particulièrement les zones rurales. Le phénomène est bien illustré par le manque de médecins et de personnel infirmier – un médecin tchèque diplômé sur cinq est parti travailler à l’étranger, attiré par les salaires plus lucratifs en Allemagne, en Autriche ou au Royaume-Uni. Afin de renverser le phénomène, des spécialistes préconisent le développement des TIC dans les milieux ruraux pour pallier ce manque, mais aussi les rendre plus attractifs pour la main d’œuvre jeune et qualifiée.
« Les données provenant d’autres pays de l’OCDE montrent que l’utilisation de technologies modernes, y compris les innovations dites sociales, sont nécessaires dans les zones rurales pour garantir des infrastructures de base et assurer aux populations locales une qualité de vie comparable », souligne Radim Sršeň, vice-président de l’Association des autorités locales de la République tchèque. « En Corée du Sud par exemple, la population rurale connaît une augmentation constante dans toutes les régions du pays, en chiffres absolus et relatifs, depuis 10 ans déjà », explique-t-il.
Un avis partagé par Miloslav Oliva, président de l’Association régionale du réseau national des groupes d’action locale de la République tchèque : « Les villages intelligents sont axés sur les gens. C’est un retour aux racines du terroir, que nous avons en partie perdues, et au bon sens, qui font défaut à notre société ». Et l’expérience a prouvé que la recette marchait également dans le pays. « Des solutions intelligentes ont aussi été mises en œuvre dans certaines exploitations agricoles, où elles ont permis de pallier le manque de main-d’œuvre humaine. C’est notamment le cas dans l’élevage ou l’agriculture de précision », souligne ce dernier.
L’intérêt est donc multiple : il y a la lutte contre l’exode des jeunes et contre la crise de l’emploi, mais les effets de ces technologies revitalisent également un secteur agricole aux abois, qui peine à attirer du sang neuf. Elles permettent aussi d’augmenter la qualité de vie dans ces régions et de mieux préserver l’environnement : « Les projets de villages intelligents sont également utiles pour faire face au problème des scolytes dans nos forêts. Grâce aux drones, nous sommes en mesure de repérer les premières infestations d’arbres, ce qui permet une intervention rapide et augmente les chances de prévenir toute catastrophe future », souligne Miloslav Oliva.
« La pierre angulaire du dispositif, ce sont les gens, avec leur créativité et leur volonté de participer activement au développement de leur région » rappelle Radim Sršeň. Mais il est optimiste quant aux chances du pays de d’inverser cet inquiétant phénomène d’exode grâce aux TIC. « Si je devais faire la comparaison avec d’autres États membres, je dirais que la République tchèque a le potentiel de devenir un leader dans ce domaine » conclut-il.