Le réseau social Facebook accuse un recul sensible en Europe qui inquiète ses actionnaires. Si certains y voient le résultat de plusieurs scandales éthiques qui ont écorné l’image du groupe, d’autres pointent du doigt la nouvelle réglementation européenne sur la protection des données.
A l’annonce des résultats financiers du deuxième trimestre 2018, le mercredi 25 juillet 2018, l’action du géant du web Facebook a décroché, perdant 19% de valeur. Avec une baisse totale de 510,2 milliards de dollars de sa capitalisation boursière, Facebook enregistre plus importante perte de valorisation jamais enregistrée en une séance à Wall Street. Derrière cette panique, on trouve une stagnation du nombre d’utilisateurs du réseau social – le nombre d’utilisateurs européens est passé de 282 à 279 millions par jour, tandis que celui des États-Unis et du Canada stagne à 185 millions.
« Il faut relativiser. Trois millions sur des centaines de millions d’utilisateurs européens, c’est finalement peu », tempère Renée Bäni, directrice de formation et spécialiste en médias sociaux à Lausanne. « La baisse du nombre d’utilisateurs actifs ne veut pas dire que trois millions de personnes ont supprimé leur compte, mais qu’elles ont simplement moins utilisé Facebook. Il n’y a donc pas un abandon massif de la communauté. » Facebook a en effet enregistré une augmentation de 11% du nombre d’utilisateurs actifs par mois et un chiffre d’affaires en hausse de 42%. Pourtant, ce chiffre inférieur aux attentes des analystes et de la compagnie, a été le déclencheur du mouvement de vente.
Pour Mark Zuckerberg, cette baisse de connections quotidiennes est davantage à imputer à l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Cette nouvelle réglementation sur la protection des données sur internet a forcé Facebook à s’adapter – nettoyer ses contenus et modifier ses conditions d’utilisations, notamment sur le partage de certaines données ou la reconnaissance faciale. D’après le créateur de Facebook, ce ralentissement n’est donc que temporaire. « Nous investissons tellement dans nos systèmes de sécurité que cela va commencer à avoir un effet sur notre rentabilité, nous commençons à le voir ce trimestre », affirmait-il récemment.
Beaucoup attribuent toutefois la baisse de popularité du réseau au scandale Cambridge Analytica. Marietja Schaake, membre du Parlement européen en provenance des Pays-Bas, rappelle en effet que Facebook s’est rendu – indirectement – responsable du rapt des données personnelles de 87 millions d’utilisateurs. En outre, le réseau a été accusé de multiples fois de servir de vecteurs à des fausses informations (fake news). Ces affaires ont amené une exigence de transparence qui n’existait pas auparavant – et dont le RGPD n’est qu’un symptôme.