
Une note de suivi du plan Ecophyto révèle que la consommation de produits phytosanitaires a globalement augmenté de 12 % entre 2014 et 2016 en France.
Mauvaise nouvelle pour les sols français : la note de suivi du plan Ecophyto, la tentative nationale de ‘dépesticidation’, n’est pas fameuse. C’est le constat établi par le comité d’orientation et de suivi (COS) qui s’est tenu, vendredi 27 juillet, sous la tutelle de quatre ministres : Stéphane Travert, à l’agriculture ; Nicolas Hulot, à la transition écologique ; Agnès Buzyn, à la santé, et Frédérique Vidal, à la recherche et l’innovation.
Avec 94 millions de doses unités (Nodu) épandus dans les champs français, le recours aux pesticides a globalement progressé de 0,3% en un an. Plus largement, depuis le lancement du plan Ecophyto, lancé en 2008 à la suite du Grenelle Environnement, les agriculteurs (essentiellement) ont accru de 12,4% leur utilisation de produits phytopharmaceutiques.
Sur la seule période 2014 – 2016, l’indicateur NODU (nombre de doses unités), qui sert à en mesurer l’utilisation, « a augmenté de plus de 12 %. Il s’agit d’une hausse qui dépasse celle enregistrée entre 2013 et 2014 (+9,4 %). Le principal objectif d’Ecophyto était pourtant de diminuer le recours aux produits phytosanitaires, tout en maintenant le niveau de production de l’époque.
Pour y parvenir, toute une batterie d’outils a été mise en place, principalement :
- la formation des agriculteurs à une utilisation responsable des pesticides : le « certiphyto » (certificat individuel produits phytopharmaceutiques) ;
- la création d’un vaste réseau de » fermes pilotes » pour mutualiser les bonnes pratiques ;
- la mise en ligne dans chaque région, de » bulletins de santé du végétal » qui alertent les producteurs sur l’arrivée des parasites ;
- un « programme de contrôle de tous les pulvérisateurs » qui sont utilisés pour l’application des produits phytosanitaires.
Pour fédération d’associations France Nature Environnement, il s’agit d’un échec sans appel. Pour Claudine Joly, en charge des questions pesticides au sein de l’ONG « malgré les dizaines de millions d’euros d’argent public dépensés dans le cadre d’Ecophyto tous les ans, l’agriculture française n’arrive pas à se libérer de son usage excessif de pesticides. »
Cette dernière déplore que « les objectifs, déjà repoussés, de réduction des pesticides de 50% en 2025 s’éloignent un peu plus ». « L’outil Ecophyto est intéressant mais la sortie des pesticides ne se fera pas sans l’activation d’autres leviers économiques et règlementaires nécessaires pour obtenir une mobilisation de l’ensemble de la profession », estime-t-elle.