L’Italie, avec le soutien de plusieurs autres états membres, a demandé à la Commission Européenne de limiter les importations de riz venant du Cambodge. Pour ce faire, ils invoquent une « clause de sauvegarde » dans le traité fondateur de l’Union.
Après le blé, le riz est la culture de céréales la plus rependue dans le monde. En 2014 et 2015, la production mondiale de riz a atteint des niveaux sans précédent. Et pourtant, les producteurs européens sont dans une mauvaise passe. L’Italie est le premier producteur et exportateur de riz en Europe (40% des exportations européennes), ce qui explique largement pourquoi le pays a pris la tête d’un mouvement appelant à limiter son exportation au sein de la communauté.
Le 24 novembre dernier, un groupe de 7 pays (L’Italie, la France, l’Espagne, la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, le Portugal et la Roumanie) ont demandé à la Commission Européenne de prendre des mesures de protection des producteurs de riz européens, dans un contexte d’augmentation des importations et de baisse des prix. La concurrence des pays asiatiques est rude – en particulier le Cambodge – avec des prix en moyenne 30% inférieurs.
En conséquence, les exportations de riz long grain cambodgien « Indica » en Europe ont plus que doublé sur les cinq dernières années. Sur la même période, la consommation de riz a augmenté de 5% au sein de l’UE, alors que les importations de riz usinée de Phnom Penh ont augmenté de 171%. En 2016, la balance commerciale de l’UE était déficitaire 3,9 milliards, ce qui montre les limites de la capacité d’absorption du marché européen.
Les 7 pays dénoncent un programme européen du nom de Everything But Arms (« tout sauf les armes ») qui vise à renforcer le développement des pays les plus pauvres. Il instaure un système qui garantit un accès sans taxe et sans quotas aux exportations de pays asiatiques peu développés – à l’exception des armes et des munitions. Cela inclut naturellement le Cambodge, qui bénéficie de ce programme depuis le 5 mars 2001.
Les producteurs européens demandent donc à la Commission de limiter les importations de riz en Europe, invoquant une « clause de sauvegarde » inscrite dans le traité fondateur la Communauté Européenne. Elle permet à tout pays européen de saisir la Commission afin qu’elle introduise des barrières commerciales lorsqu’une importation est préjudiciable à un état membre.
« Nous recourrons à cette clause de sauvegarde parce que la crise di prix du riz menace l’existence même de cette industrie en Europe », explique le Ministre de l’agriculture italien. « L’abandon de la culture du riz en Europe aurait de graves conséquences, non seulement socio-économiques, affectant de nombreuses zones rurales, mais aussi environnementales, affectant les écosystèmes présents dans les rizières. »
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