L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de réduire le trafic automobile afin de lutter contre la pollution de l’air. Celle-ci recommande également une baisse d’autres modes de combustion tout aussi nocifs.
L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), vient de publier un rapport sur la qualité de l’air. Dans ce document, les chercheurs de l’agence ont voulu déterminer, « avec des niveaux de preuve forts », les effets sur la santé causé par certaines composantes des particules de l’air ambiant en s’appuyant sur 160 études parues depuis le rapport Review of evidence on health aspects of air pollution de l’OMS en 2013.
Ce rapport analyse les effets du renouvellement du parc automobile et l’amélioration des technologies de dépollution sur la qualité de l’air à l’horizon 2025. Certains types de particules fines (PM2,5 et PM10), en grande majorité liées au trafic automobile, sont en effet responsables de lourds effets sur la santé (atteintes respiratoires et cardiovasculaires et décès anticipés – « 48.000 décès prématurés par an pour l’ensemble de la France », rappelle le rapport).
Elle signale également un nouvel impact potentiel de la pollution de l’air sur la santé neurologique et la santé périnatale, souvent ignoré : « Le corpus d’études sur ce sujet est encore limité et les nouvelles indications sont faibles et suggèrent un effet du carbone suie et des particules ultrafines sur le développement des performances cognitives de l’enfant, ainsi qu’un effet du carbone suie sur le faible poids de naissance ». En conséquence, l’Anses recommande de cibler en priorité, dans les politiques publiques, trois indicateurs actuellement non réglementés : les particules ultrafines, le carbone suie et le carbone organique, en complément des indicateurs de particules PM2,5 et PM10 actuellement en vigueur.
Afin d’accompagner les décideurs publics, l’Anses a produit quatre différents modèles d’évolution pour le parc de véhicules à l’horizon 2025 en vue d’améliorer la qualité de l’air ambiant ans bouleverser les équilibres entre les motorisations (diesel, essence, électrique). Le premier, le moins ambitieux, table sur une généralisation du filtre à particules sur le parc de voitures diesel. Cette solution ne permettait qu’une réduction de 43 % et des émissions de PM 2.5 et de 53 % de celles d’oxyde d’azote (NOx) en Ile-de-France par rapport à leur niveau de 2014.
Le second scénario propose un recul du nombre de véhicules légers diesel vendus (5 % de part de marché en 2025 contre 60 % en 2014) au profit des véhicules essence. Il permettrait un recul des émissions de PM 2.5 et de NOx de 52 % et 62 % respectivement. « Les écarts d’impact sur les concentrations atmosphériques apparaissent finalement assez limités », commente l’Anses.
Le troisième s’appuie sur un fort développement des véhicules électriques (40 % des ventes de voitures, 60 % des véhicules utilitaires, une partie du parc des camions et autobus et tous les petits deux roues motorisés) permet une baisse non négligeable, mais sinsuffisante selon l’Agence. « L’évolution technologique du parc automobile c’est bien, son renouvellement c’est bien, mais seule une diminution du trafic permettra d’améliorer durablement la situation », note Valérie Pernelet-Joly, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air à l’Anses.
Aussi, son quatrième scénario, « Ambition Air », repose sur une électrification accélérée du parc automobile en zone urbaine dense mais surtout sur une réduction de 20 à 25 % du trafic routier. « Le secteur automobile est celui qui connaît l’évolution la plus rapide, technologique et réglementaire, mais il faudra agir dans un même temps sur d’autres sources », ajoute toutefois Valérie Pernelet-Joly. L’Anses évoque ainsi une diminution indispensable de la combustion de charbon, des produits pétroliers et de biomasse et la réduction de l’exposition aux poussières de désert, pour compléter cette mesure.