Une équipe de scientifiques vient d’identifier les premiers cas de résistance à l’artémisinine en Afrique. Cette molécule est la seule actuellement utilisée dans le cadre du traitement contre le paludisme sur le continent. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du Centre biomédical du Rwanda, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de l’hôpital Cochin à Paris et de l’université Columbia, ont découvert cette résistance dans des échantillons de sang prélevés sur des malades au Rwanda.
Selon les scientifiques, l’apparition de résistances à l’artémisinine peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont, entre autres, des défaillances dans les interventions de contrôle de la maladie et la prescription l’artemisia annua (plante produisant l’artémisinine) seule, alors que la pratique thérapeutique exige la combinaison de cette molécule avec au moins une autre.
Pour le Docteur Patience Nkusi qui est spécialisé dans le traitement les infections parasitaires au Centre hospitalier universitaire de Kigali :« Cette nouvelle résistance à l’artémisinine peut être attribuée à d’autres facteurs biologiques et environnementaux, mais l’important pour l’instant serait de trouver des alternatives avec de nouveaux outils thérapeutiques »
Les implications de cette étude justifient en effet la priorité qui doit être donnée à la recherche de nouveaux traitements. En effet, l’artémisinine est la seule molécule préconisée à ce jour dans le traitement du paludisme en Afrique, en raison des résistances développées par les parasites face aux autres alternatives. “L’utilisation des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) pour traiter le paludisme à plasmodium falciparum (la forme la plus résistante de la maladie) est le traitement recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)” explique le site internet scidev.net . De son côté, l’OMS ne s’y trompe pas puisqu’elle déclare que «l’apparition d’une résistance de plasmodium falciparum à l’artémisinine pose un problème de santé publique urgent qui compromet la viabilité des opérations actuellement menées à l’échelle mondiale pour réduire la charge du paludisme. »
En Afrique, le paludisme est une maladie endémique et l’apparition de souches résistantes à l’artémisinine peut se traduire par une explosion du nombre de décès liés à la maladie. En 2018, déjà, le paludisme avait tué 405 000 personnes en Afrique.
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