Plusieurs géants de l’agroalimentaire ont renoncé à l’Evolved Nutrition Label – un logo d’information alimentaire alternatif. Ce faisant, ils acceptent finalement le label NutriScore. Les intéressés accusent les autorités européennes de ne pas avoir laissé de chance à leur initiative.
Le 20 novembre dernier, les « Big 6 » (Mondelez, PepsiCo, Coca-Cola, Nestlé et Unilever) ont annoncé renoncer à l’« Evolved Nutrition Label » (ENL). Ce système d’étiquetage alternatif avait été lancé en mars 2017 afin de concurrencer le label NutriScore (un système d’étiquetage nutritionnel basé sur un logo avec cinq couleurs indicatives de la valeur nutritionnelle des aliments) développé par des scientifiques européens pour modifier les comportements alimentaires en favorisant des aliments plus « sains ».
Le secteur défendait sa création et souligne qu’il avait mis en place des applications pour smartphone permettant d’accéder à une base de données libre (Open Food Facts). Cette dernière détaillait plus précisément le score d’un produit à partir de son code-barre. Aussi, il dénonce la mauvaise volonté des autorités européennes. Pourtant, ce système avait aussi ses détracteurs, qui dénonçaient une information incomplète, qui ne s’appuyait pas sur notion de portion uniformisée.
L’ENL pouvait donc être plus clément envers les aliments gras, salés et sucrés. Or, deux études scientifiques publiées en 2018 confirment « le lien entre la consommation d’aliments gras, salés, sucrés et transformés et le risque de cancer » note le professeur Pascale Santi et le British Medical Journal. Le Nutri-Score, a contrario, est quant à lui beaucoup plus sévère avec ces produits.
« Le fait d’autoriser des critères moins sévères pour de plus petites portions se serait traduit par moins de rouge sur les emballages. Cela aurait inévitablement induit les consommateurs en erreur. A l’heure où les maladies liées à une mauvaise alimentation gagnent rapidement du terrain, les consommateurs ont besoin plus que jamais d’informations fiables sur ce qu’ils mangent », souligne Emma Calvert, responsable alimentation du Bureau européen des unions de consommateurs BEUC.
L’ONG Foodwatch a immédiatement salué « une décision qui met fin à l’entreprise de désinformation des industriels ». Pour Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France, ce logo « n’avait aucun fondement scientifique. Il visait à créer de la confusion pour les consommateurs concernant les véritables qualités nutritionnelles des aliments. Son objectif était de contrer le NutriScore, soutenu par la France, mais aussi la Belgique et l’Espagne.
S’il est largement adopté en France, en Belgique et en Espagne, NutriScore ne fait toutefois pas l’unanimité. Nous avions notamment évoqué certains doutes quant à son efficacité et des risques liés à une surenchère dans l’étiquetage préventif dans nos colonnes.