
L’Europol a averti que l’intelligence artificielle (IA) turbocharge le crime organisé, allant de la création d’images d’abus sexuels sur enfants au blanchiment d’argent via les cryptomonnaies, avec des avancées comme l’informatique quantique qui risquent d’aggraver la situation. La directrice exécutive d’Europol, Catherine De Bolle, a qualifié ce rapport de « signal d’alarme » pour les forces de l’ordre.
« C’est un combat pour l’État de droit, pour nos communautés, pour nos entreprises, et pour l’avenir de nos enfants. Nous ne laisserons pas le crime organisé dicter les règles du jeu », a-t-elle ajouté.
Dans son rapport sur les menaces posées par le crime organisé, Europol a indiqué que les criminels ont exploité les opportunités offertes par l’IA comme un catalyseur pour accélérer leurs activités. « Les avancées technologiques rapides—en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA)—réinventent la manière dont le crime est organisé, exécuté et dissimulé », a précisé l’organisation policière dans un rapport détaillé de 80 pages.
« Ces évolutions rendent le crime organisé plus dangereux, posant un défi sans précédent pour la sécurité dans l’UE et ses États membres », a ajouté Europol.
L’IA et d’autres technologies aident les criminels à travers l’ensemble de leurs activités : du trafic de drogue et d’êtres humains, à la cybercriminalité et au vol d’identité. L’IA générative permet aux gangs criminels d’atteindre leurs cibles à une échelle mondiale, dans plusieurs langues, et même de créer des images d’abus sexuels sur enfants, ont averti les policiers.
« Des images explicites d’adultes peuvent être manipulées pour faire paraître l’individu plus jeune, ou des applications peuvent ‘nudifier’ des images non explicites », indique le rapport.
« Les qualités mêmes qui rendent l’IA révolutionnaire—accessibilité, polyvalence et sophistication—en ont fait un outil attrayant pour les criminels », a souligné Europol.
Les progrès technologiques compliquent également la récupération des gains illégaux. La confiscation des produits du crime stagne à environ 2%, ont indiqué les policiers. Un défi aggravé par l’exploitation criminelle croissante des actifs numériques.
Les groupes criminels utilisent les cryptomonnaies pour blanchir de l’argent et déplacer des fonds, rendant difficile leur suivi et leur confiscation. « L’exploitation criminelle des cryptomonnaies comme moyen de paiement dépasse désormais le cadre de la cybercriminalité et se retrouve de plus en plus dans des domaines criminels plus traditionnels comme le trafic de drogue ou le trafic de migrants. » souligne le rapport.
Avec les progrès technologiques, l’impulsion donnée à l’activité criminelle devrait encore augmenter, selon Europol, qui a mis en garde contre les développements rapides de l’informatique quantique, du métavers, de la 6G, des systèmes sans pilote et des interfaces cerveau-ordinateur. « Les niveaux élevés d’anonymat, de rapidité et de sophistication actuellement démontrés par les réseaux criminels ne feront que croître dans les années à venir », a averti le rapport.
En particulier, l’informatique quantique permettra aux criminels de briser facilement la technologie de cryptage actuelle.
Enfin, la police a évoqué la perspective dystopique de gangs criminels entièrement dirigés par IA. « L’émergence d’une IA totalement autonome pourrait ouvrir la voie à des réseaux criminels entièrement contrôlés par IA, marquant ainsi une nouvelle ère dans le crime organisé », a conclu le rapport.