La commission alimentaire se mobilise sur la question du gaspillage alimentaire. En adoptant une méthodologie d’évaluation commune à tous les états membres, elle compte identifier les politiques les plus efficaces afin de produire des directives communautaires.
Le gaspillage alimentaire pèse lourd sur l’environnement. Chaque tonne de nourriture jetée serait responsable de 4,5 tonnes de CO2 (The food we waste, A study of the amount, types and nature of the food we throw away in UK households, Juillet 2008). Or, le gaspillage représente 1,3 milliards de tonnes de « déchets » par an, d’après la FAO. EN Europe, 88 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année selon une étude du Parlement européen. C’est 20 % de l’ensemble de la production alimentaire du continent. En outre, on sait désormais que 60% de ce gâchis incombe à l’industrie agricole, agro-alimentaire et à la distribution.
« La grande distribution impose des cahiers des charges tellement contraignants qu’une foultitude de denrées, pourtant parfaitement consommables, se retrouvent tous les jours hors circuit. C’est ce qui nous a poussés à créer le réseau d’épiceries “Nous antigaspi” qui vend tous ces produits destinés à la benne avec une décote de 30 % », explique Vincent Justin, cofondateur de « Nous anti-gaspi », le premier supermarché entièrement dédié à la lutte contre le gaspillage alimentaire français. « Pendant soixante ans, les enseignes de la grande distribution ne se sont employées qu’à acheter mieux, à améliorer leur communication et à agrandir leurs magasins pour faire plus de chiffre d’affaires, rappelle Paul-Adrien Menez, PDG et cofondateur de Zéro-Gâchis.
Le 27 septembre, la Commission européenne a décidé de prendre de nouvelles mesures afin d’éviter un tel gaspillage. Elle a adopté une nouvelle méthodologie d’évaluation du gaspillage alimentaire, harmonisant les données de tous les états membres afin d’avoir une réelle vision d’ensemble du succès des différentes initiatives nationales et de lancer une action communautaire se basant sur les politiques les plus efficaces. « Sur la base de cette méthodologie, les États membres doivent mettre en place un cadre de suivi avec 2020 comme première année de référence afin de fournir à la Commission les premières données harmonisées d’ici à la mi-2022 », explique l’exécutif européen.
La France, la Roumanie et l’Italie ont toutes trois récemment adopté des règles contraignantes pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Ces textes prévoient des sanctions et des incitations pour les acteurs de la chaîne alimentaire. Mais elles permettent avant tout de sensibiliser le grand public au phénomène et à ses conséquences désastreuses, afin de faire évoluer les mentalités et les pratiques. Résorber le gaspillage alimentaire contribuerait ainsi à garantir une meilleure sécurité alimentaire. On estime qu’actuellement il y a encore 6 millions d’adultes en situation d’insécurité alimentaire en Europe, malgré la surproduction alimentaire du continent.