Une nouvelle méthode océanographique pourrait révolutionner la connaissance que nous avons des températures marines. Il s’agirait de se baser sur les ondes sonores émises lors de petits tremblements de terre provenant d’une même zone.
Jusque-là, pour mesurer la température des océans, les scientifiques se fiaient uniquement à la flotte robotique du programme international Argo. Mais ces robots, au nombre de 4 000 ne permettent pas d’évaluer la température de grandes zones marines. En outre, ils n’arrivent pas à aller au-delà de 2000 mètres de profondeur.
La nouvelle technique est elle-même adaptée d’une autre vieille de près de 30 ans. En 1991 déjà une expérience incluant de larges caissons de basses a permis d’émettre un signal de basse fréquence depuis l’île de Heard dans l’océan indien. Ce signal a été reçu au large des côtes de la Californie et des Bermudes. Il contenait des information cruciales sur la température des zones océaniques qu’il a traversé. En effet, le son voyage plus vite dans l’eau quand celle-ci est plus chaude ou plus dense. Aussi, sa vitesse constitue un indicateur précis de la température et de la densité du milieu aquatique tant que l’émetteur et le récepteur se situent à des emplacements fixes. L’expérience de 1991 a été abandonnée en raison des préoccupations quant à l’impact de l’émission d’un signal sonore sur la vie sous-marine.
Dans la nouvelle expérience, les petits tremblements de terre remplacent l’émetteur sonore. Selon le Frederik Simons, géophysicien à l’université de Princeton et membre de l’équipe de chercheurs qui a publié ses résultats dans Science “Il y a aujourd’hui un trésor potentiel en matière de données à analyser” grâce à cette méthode. En outre, le procédé permet de mesurer la température des fonds océaniques au-delà de 2000 m de profondeur. “L’incapacité à déterminer ce qui se passe en eaux profondes est un obstacle majeur à la compréhension de l’océan et du climat, même aujourd’hui” explique Carl Wunsch, un océanographe retraité du Massachusetts Institute of Technology.
La nouvelle méthode permet de mesurer avec plus de précision les données thermiques des fonds océaniques. “Et cela rend plus facile, l’extraction de données relative au réchauffement climatique” explique Jörn Callies du California Institute of Technology (Caltech), un co-auteur de cette étude. Pour prouver la validité de leur méthode, les chercheurs se sont penchés sur une source de micro-séismes à l’ouest de Sumatra. Les relevés effectués grâce au procédé leur ont permis de déterminer un réchauffement de l’océan indien de 0.044°C sur les dix dernières années. Ces données concordent avec celle de la flotte Argo sur cette période.
90% de l’énergie issue du réchauffement climatique se trouve piégée dans l’océan. Aussi, tout changement de la température des fonds océaniques pourrait avoir un impact important sur le réchauffement de l’atmosphère.
Image par Michal Jarmoluk de Pixabay