Face à la commission Climat de la Chambre, la ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straete (Groen), a confirmé que la Belgique va manquer son objectif européen de production d’énergie renouvelable pour 2020. « A la fin de l’année, 13% de la consommation belge d’énergie aurait dû provenir de sources renouvelables. Nous n’atteindrons que 11,68% » a déclaré la ministre.
Selon Le Soir.be, le déficit total de production est de plus de 2.000GWh. L’Etat fédéral devra débourser 31 millions d’euros pour éviter une amende européenne. « Nous allons tout faire pour éviter une telle facture à l’avenir. La direction est maintenant très claire, ce qui est un soulagement pour les investisseurs dans l’énergie verte : Il y a enfin une certitude » a fait savoir la ministre Tinne Van der Straete.
Mais cet optimisme n’est pas partagé par tous. Samuele Furfari, Professeur de géopolitique de l’énergie à l’Université libre de Bruxelles, a, lui, une toute autre lecture de la situation. « La Belgique, patrie du surréalisme, mène une politique énergétique surréaliste. Des centrales amorties sont arrêtées par pure idéologie du parti écologiste. Depuis des années, la position officielle en Belgique est une loi de 2003 qui prévoit la sortie du nucléaire en 2025, mais en fait le monde politique a eu peur de dire que ce n’est tout simplement pas possible, de ne pas paraitre écologique. Ils ont tergiversé en se disant qu’on finira bien par reconnaitre que ce n’est pas possible. Las ! Un évènement imprévu est venu les acculer. Le résultat des élections de mai 2019 est tel qu’il a été impossible de former un gouvernement pendant 662 jours. Il a fallu accepter un parti minoritaire dont le fonds de commerce est la sortie du nucléaire.» déclare-t-il avant de tabler sur une rupture de l’approvisionnement électrique, car dit-il, « on ne remplace pas 2 ou 3 GW rapidement. S’ils le font avec des centrales au gaz il faudra accorder des subsides, mais la Commission européenne veille pour des raisons évidentes de concurrence. Ce ne sera surtout pas avec des éoliennes que la population ne veut pas et encore moins avec des panneaux solaires dans ce pays où les anciens belges avaient peur que le ciel ne leur tombe sur la tête» .
Le pays a démarré en mai 2020 le champ Northwester 2, avec une puissance de 1.775, ce qui lui permet d’être le numéro 3 mondial en matière de puissance installée par habitant. La Belgique va atteindre 2.262MV si le dernier champ(Seamade) est lancé dans les prochains mois. Selon la ministre, cette puissance pourrait être portée à plus de 4.000MW d’ici 2030 avec l’ouverture de la nouvelle zone éolienne offshore en face de la Panne.
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