
D’importants enjeux se cristallisent actuellement sur l’agriculture dans le monde. L’agriculture intelligente face au climat cherche à adapter le développement agricole aux nouvelles réalités des changements climatiques, et tempérer l’impact écologique de la pratique agricole.
Les plans européens de développement de l’agriculture intègrent désormais presque systématiquement les changements climatiques dans la planification et l’aménagement de systèmes agricoles. On parle alors d’’agriculture intelligente face au climat (AIC). D’après la FAO, celle-ci se définit par une agriculture qui vie à renforcer la capacité des systèmes agricoles de contribuer à la sécurité alimentaire, en intégrant le besoin d’adaptation et le potentiel d’atténuation dans les stratégies de développement de l’agriculture durable. Il n’est cependant pas toujours possible d’obtenir tous ces trois résultats.
Il s’agit donc de mettre en lumière les coûts et les avantages des différentes options pour les aligner sur des objectifs préalablement définis. Actuellement, une des priorités au niveau européen est actuellement de réduire drastiquement nos émissions de gaz a effet de serre – en particulier de CO2. « La focalisation extrême sur le CO2 occulte le rôle d’autres gaz à effet très important, et dont l’agriculture est le principal émetteur : le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) » met totuefois en garde Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire.
A travers un meilleur traitement de donnés collectées (Big data) un recours aux technologies de pointe (outils de précision, drones, guidage satellite), l’AIC permet d’ores et déjà de réduire le recours aux pesticides, tout en augmentant le rendement agricole et en réduisant la production de déchets. La gestion des sols, le maïs tolérant à la sécheresse, le développement laitier, l’élevage intensif de silures, le financement du carbone pour la restauration des champs de cultures, la batteuse-vanneuse de riz, les prévisions des précipitations, autant d’innovations qui ont changé la pratique agricole moderne.
Aussi, cette pratique a su mobiliser de grands acteurs mondiaux, notamment la Banque mondiale, dont la politique est d’intégrer systématiquement l’enjeu climatique dans tous ses projets de développement. « Avec un montant record de 20,5 milliards de dollars, le Groupe a ainsi déjà dépassé l’objectif qu’il s’était fixé en 2015 : faire en sorte que 28 % de son volume de prêts soutienne l’action climatique à l’horizon 2020 », explique directrice générale de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva.
« La transition vers cette agroécologie que nous appelons de nos vœux, garantissant la souveraineté alimentaire, le renforcement des droits des paysans, la préservation des ressources naturelles mais aussi la réduction des émissions de gaz à effet de serre », précise Anne-Laure Sablé. Mais il faut une véritable volonté politique pour porter cette vision. « La hausse de la population mondiale [ne doit pas servir] d’alibi à une vision productiviste qui n’a en rien résolu le problème de la malnutrition jusqu’à présent » souligne le CCFD-Terre Solidaire.