Le gouvernement Britannique a demandé aux sociétés pharmaceutiques de renforcer leurs stocks de médicaments afin d’éviter une pénurie en cas de Brexit sans accord.
La perspective d’un Brexit dur inquiète le gouvernement britannique. Celui-ci a enjoint aux acteurs du système de santé de commencer des réserves de médicaments pour éviter toute pénurie, en cas sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne fin mars 2019. « On nous a demandé de faire ça (des réserves, ndlr) pour chaque médicament que nous fabriquons. C’est le plus grand défi logistique auquel l’industrie a jamais fait face en temps de paix » explique Mike Thompson, directeur général de l’association de l’industrie pharmaceutique britannique (ABPI).
« Nous avons un plan solide pour protéger la sécurité des patients », a tenté de rassurer le ministre de la Santé, Matt Hancock, la semaine dernière. Celui-ci prévoit de stocker l’équivalent de six semaines de traitements, en cas de Brexit dur. Pourtant, certains acteurs du secteur se sont montrés sceptiques face à cette demande : « Les distributeurs ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour stocker des denrées alimentaires, et dans le cas des denrées fraîches, c’est simplement impossible » estimait l’association British Retail Consortium (BRC).
« Notre chaîne d’approvisionnement est extrêmement fragile et ce débat constitue une autre preuve de la nécessité d’avoir un plan B pour s’assurer que des échanges commerciaux sans frictions soient maintenus après le 29 mars 2019 », poursuit-elle. « Nous ne fabriquons pas d’insuline au Royaume-Uni, nous en importons chaque goutte », s’inquiète pour sa part Sir Michael Rawlins, responsable de l’agence de régulation des médicaments et produits de santé, dans le Pharmaceutical Journal. « 3,5 millions de personnes en dépendent, dont la Première ministre Theresa May », met-il en garde.
Dans un pays qui importe chaque mois 37 millions de boîtes de médicaments, ce plan de stockage d’urgence pèse un coût financier considérable. Le seul stockage des divers traitements importés pour une durée de six semaines entraînera un surcoût de 2,2 milliards d’euros pour les autorités. A cela il faut ajouter à la nécessité d’obtenir une autorisation de mise sur le marché spécifique pour l’Europe et le Royaume-Uni, de revoir l’emballage des produits, la gestion des tests et des licences d’importation mais aussi d’anticiper une absence d’accord.
La facture promet d’être salée, à la fois pour les institutions et les acteurs de l’industrie pharmaceutique. Pfizer, le numéro un mondial du secteur, vient d’évaluer l’impact du Brexit sur ses comptes à environ 100 millions de dollars. GSK évalue quant à elle l’impact du Brexit à environ 70 millions de livres de coûts exceptionnels étalés sur deux ou trois ans (77 millions d’euros), auxquels s’ajoutent 50 millions de livres de coûts annuels supplémentaires liés à des frais de douanes ou d’administration.