Alors que le débat sur la 5G s’est de nouveau enflammé à la suite des déclarations du Président Macron qui a ironisé sur le « modèle Amish », Sébastien Point, spécialiste du sujet revient sur ce sujet très controversé en opposant deux modèles de société et répond à Aurélien Barrau.
Pas de « Maladie des ondes »
La position récemment exprimée des élus et militants écologistes français qui demandent un moratoire sur la 5G est tout à fait incohérente. Les problématiques sanitaires de la 5G relèvent en effet du folklore. L’état des connaissances est très largement suffisant pour affirmer que la 5G n’engendrera aucune « maladie des ondes », pas plus d’ailleurs que les autres générations de téléphonie mobile. Et la demande formulée par certains d’attendre que des études supplémentaires prouvent l’absence totale de risque sanitaire est un piège. La science ne peut pas prouver l’absence d’effet. Le lui demander procède de l’ignorance de son fonctionnement ou d’une tentative mal dissimulée de l’instrumentaliser à des fins idéologiques pour entrer dans un processus sans fin qui condamnerait la 5G par immobilisme. Quant aux arguments sur les impacts environnementaux liés à la consommation énergétique des technologies 5G, il semble qu’ils trahissent la vue un peu courte de ceux qui les avancent : demain, les nouveaux outils de communication, dont la 5G fait partie des prémices, permettront d’envisager un monde où se rencontrer ne signifie plus forcément se déplacer et de désenclaver des régions entières du globe sans besoin de réseaux routiers supplémentaires ; ingénieurs, chercheurs, hommes d’affaires partageront des données, organiseront des conférences virtuelles sans nécessité de déplacer des dizaines ou des centaines d’entre eux en un même lieu. Les chirurgiens pourront opérer à distance, les médecins ausculter en visioconférence, ce qui règlera partiellement les problèmes de déserts médicaux et d’accès aux compétences de professionnels de santé de haut niveau. La sécurisation de nos routes par la mise en service de véhicules autonomes et interconnectés deviendra possible. La sécurité des bâtiments, supervisés en temps réel, sera grandement améliorée. Et après-demain, c’est l’exploration et la conquête de nouveaux territoires qui redeviendra possible : l’exploitation minière de la Lune sera sans doute largement permise par l’utilisation de systèmes d’extraction robotisés et interconnectés qui auront bénéficié des avancées actuelles dans le domaine de la communication électronique.
Si l’on souhaite poursuivre l’aventure humaine entamée il y a 3 millions d’années, alors il semble qu’il faille, au lieu de refuser une nouvelle technologie par suivisme, clientélisme ou ignorance, se demander comment la déployer au mieux pour en tirer le plus de bénéfices possibles. Refuser la 5G aujourd’hui, c’est incontestablement se priver de bénéfices économiques et humains potentiellement incommensurables : que serait-il advenus si des esprits chagrins avaient réussi à endiguer l’électrification des pays industrialisés au début du 20ième siècle ? La promesse d’Emmanuel Macron de développer la 5G démontre sans doute une compréhension chez lui du sens de l’Histoire humaine que visiblement tous les hommes et femmes politiques n’ont pas.
Révolutionnaires vs Evolutionnaires
L’Humanité a sans doute un bel avenir devant elle. Mais les défis qui l’attendent au 21°siècle seront immenses, les premiers étant très certainement ceux de nourrir la population terrestre avec une alimentation saine et abondante et de favoriser l’accès à l’énergie, à l’hygiène, aux soins, à la sécurité et à la culture, notamment scientifique et technologique. Pour l’astrophysicien Aurélien Barrau, l’un des porte-voix de la lutte contre la 5G, il s’agit « d’être raisonnable, donc révolutionnaire » et d’orienter l’Humanité vers une remise en cause profonde du modèle de développement occidental actuel. Nous pensons au contraire que, pour faire face à tous ces défis, il s’agit d’être ambitieux, donc évolutionnaire. Cela exige de comprendre le bénéfice profond apporté jusqu’ici par la science et la technologie, et de poursuivre les développements technologiques et industriels en gardant le futur comme cap. Laisser des idéologues entraver les développements technologiques, et notamment celui de la 5G, reviendrait à refuser aux générations futures ce que les générations précédentes nous ont offert : la perspective de repousser les frontières du possible.
Image par Gerd Altmann de Pixabay
Ainsi, vous comprenez mieux que personne le « sens de l’Histoire humaine » ?!
Le saviez-vous, les derniers qui prétendaient également connaître le « sens de l’Histoire » étaient les staliniens (qui se qualifiaient abusivement de « communistes »). On sait ce qu’ils sont devenus…
Quand à « repousser les frontières du possible », c’est sûr que la science et la technologie on fait déjà beaucoup trop en ce sens: armement nucléaire qui menace d’anéantir le monde, pollution universelle par la chimie, dérèglement climatique, extinction en masse des espèces, etc.
Votre idéologie progressiste est la mère de toutes ces nuisances, mais vous êtes le seul a ne pas vous en être aperçu.
Ça se mange la 5G ?
Ah non mais c’est OK, on fera pousser nos légumes sur la Lune.
Ça fait baisser la température la 5G ?
Quasiment puisqu’on consommera moins d’énergie grâce à la visio (ce qui était impossible pendant le confinement, on l’a bien vu).
Bref, vous avez réponse à tout, bravo pour votre grande sagesse. Maintenant chut 🙂
https://www.maxisciences.com/internet/l-effet-terrible-et-inattendu-de-la-5g-sur-les-insectes_art43289.html
https://sciencepost.fr/comment-la-5g-pourrait-elle-causer-la-perte-des-insectes/
Sans trancher pour ou contre, la question est plutôt prioritaire ou secondaire.
Votre comparaison avec le développement du réseau électrique est intéressante. Avez-vous des données spatio-temporelles?
Votre façon de réduire les réfractaire à la 5G tout de suite et maintenant à des ignorants ayant peur pour leur santés ou craignant une augmentation de dépense énergétique me semble malhonnête. Au moins pour une partie, ce qui effraie avec ce déploiement est le côté course effrénée. Pour défendre la science et nos avancées, nous pourrions aussi ralentir et constater les dégâts dans la recherche fondamentale (valorisation des chercheurs à la quantité de publications… quantité+++ qualité???). je ne vais pas énuméré, la liste serait longue.
Si on en croit le consensus scientifique, laisser des idéologues épris de vitesse forcer le développement technologique, et notamment celui de la 5G, reviendrait à transmettre aux générations futures ce que les générations précédentes nous ont offert : une planète bientôt invivable.
Bonjour et merci pour votre commentaire. Effectivement, la comparaison du déploiement de la 5G ( et des freins à ce deploiement ) en ce début de 21ième siècle avec le déploiement de l’électrification dans les pays industrialisés est intéressante. Fin du 19ième siècle, près de 80% du réseau de tramway marchait à l’électricité aux Etats-Unis d’Amérique tandis que 90% environ du réseau de tramway était encore à traction animale en France où l’électrification rencontrait des oppositions. A cette même époque, 4 millions de chevaux-vapeur étaient produits électriquement aux USA , 1,5 millions au Royaume-Uni et moins de 400 000 en France. Pourtant l’histoire récente montre que l’électricité pourrait être une alternative viable aux ressources fossiles. L’électricité est donc l’exemple d’une technologie que la France a eu du mal a adopter (pour de multiples raisons, l’une étant le refus d’installer des fils électriques aériens dans les villes) mais qui heureusement s’est imposée et représente aujourd’hui une solution pour fournir de l’énergie peu carbonée. Avec les débats entourant la 5G, il me semble que nous suivons un chemin similaire en laissant des oppositions de nature idéologique retarder une technologie d’avenir qui pourrait nous aider à relever de nombreux défis. Le PDG d’Orange a assez bien, me semble t-il, résumé les choses en disant que « le débat sur la 5G est un problème francophone ». Bien cordialement. Sébastien Point.
Bonjour et merci de votre retour,
Je remarque qu’il n’y a pas de donnée temporelle dans vos nombreux chiffres. Je constate également que vous omettez de rappeler le démarrage précoce de l’air industriel au Royaume-Uni vs le continent dont la France (on peut éventuellement y voir un lien avec un retard de développement du réseau électrique, il serait également intéressant d’aborder les événements politiques et sociaux mais bon…) et la comparaison avec un pays énorme tout neuf qui part de zéro et qui déploie en grand ses réseaux de l’Atlantique au Pacifique est clairement en-dehors du cadre.
Ajoutez au fait que vous ne justifiez pas la réduction des septiques de la 5G aux seuls « ignorants ayant peur pour leur santés ou craignant une augmentation de dépense énergétique » quand bien même la moindre recherche éclaire montre également un questionnement sur la façon dont le déploiement est présenté de manière si évidente alors que nous sommes justement au XXIème siècle et que nous avons plus de 200 ans de retour d’expérience sur la relation pouvoir économique / pouvoir politique au sein d’une société capitaliste (étant entendu que le déploiement est prêt dans les cartons et que s’il est effectif des intérêts à courts termes sont assurés – soit exactement ce qui mine notre développement aujourd’hui: une vision à 3 ans max, allez 10 pour être gentil).
L’ensemble me fait douter de votre rigueur intellectuel sur ce sujet chaud brûlant et pour lequel notre Président n’hésite pas à sortir une attaque si bas de gamme que la référence au Amish (le top du top, faut vraiment faire partie de l’élite pour atteindre ce niveau).
A titre personnel, je ne crois pas que la 5G soit plus mauvaise que la 4G pour la santé (en vrai je n’en sais absolument rien évidemment). L’avantage écologique est à nuancer (pour améliorer le transfert de data on peut aussi calmer certains usages genre vidéos HD et bientôt 4K à tire larigot – quand on voit les chiffres effarant du pornos – surtout qu’en augmentant les perfs du réseau on peut créer une sorte d’appel… c’est comme croire qu’un embouteillage va disparaitre en rajoutant une énième voie alors que dans les faits on appelle simplement plus de voitures) mais admettons qu’il soit réel. Si on se pose des questions et que l’on cherche à y répondre sérieusement (sans faire des raccourcis à tout azimut et chercher à discréditer malhonnêtement les contradicteurs), les réponses sont bien plus complexes que:
– les français sont toujours râleurs, jamais contents, etc…
– les anti-5G sont tous des conspirationnistes, ils ne comprennent rien à rien…
– le progrès technique est le progrès tout court donc on fonce…
Cordialement,
Yohan G.
PS: Il faudrait trouver une source fiable car je ne suis pas sûr et certain mais il me semble bien qu’une grande partie de l’énergie électrique produite au XIXème siècle est d’origine fossile.