Si la production mondiale de matières plastiques a continué à croître en 2018, tirée par l’Asie et les États-Unis, mais la production en Europe a reculé.
Les préoccupations environnementales n’ont pas entrainé de baisse de la production plastique mondiale. Avec 359 millions de tonnes mises sur le marché en 2018, le secteur enregistre même une hausse de 3,2% par rapport à l’année précédente, a indiqué mardi la fédération PlasticsEurope. Depuis 1990, la production a plus que triplé. Mais cette tendance varie d’un contient à l’autre.
L’Asie représente plus de la moitié de la production de matériaux plastiques, notamment tirée par la Chine qui pèse pour près d’un tiers (108 Mt). Les États-Unis, qui continuent à bénéficier du développement du gaz de schiste, ont également développé des unités de production très compétitives. Aussi, du fait de la guerre commerciale qui fait rage entre Washington et Pékin. Les exportations de matières plastiques des Etats-Unis vers l’Europe ont bondi de 26 % en 2018.
Les européens produisent donc moins, de plastique, mais continuent à en consommer plus (+0,4%,). « Les producteurs américains pénalisés par les barrières douanières chinoises ont reporté leurs livraisons vers l’Union européenne, où les tarifs sont moins élevés », explique Eric Quenet, responsable de PlasticsEurope pour l’Europe de l’Ouest. En outre, la balance du commerce extérieur reste positive pour l’UE (les exportations sont largement supérieures aux importations), mais le solde s’est réduit.
Après avoir enregistré une hausse de 3,4% en 2017, la production européenne abaissé de 4,3% en 2018. Pour compenser leur perte de compétitivité vis-à-vis de l’Amérique du Nord, les producteurs du Vieux Continent se sont recentrés sur les plastiques à haute valeur ajoutée. Certains pays font toutefois exception. En France, par exemple, la baisse de la production de plastique est de 5,1% et la consommation a pour sa part baissé de 2,6%.
Une solution pour encore réduire cette production est le recours élargi au recyclage. L’Europe veut ainsi recycler la moitié de ses plastiques d’ici 2025 – la France 100 %. Mais ces ambitions ne sont guère que des vœux pieux pour le secteur, qui voit mal comment cela aura lieu. « On n’y arrivera pas uniquement avec le recyclage actuel, qui est exclusivement mécanique », estime Eric Quenet, directeur général Europe de l’Ouest de PlasticsEurope, le lobby européen du plastique.
Mais pour ce dernier, la situation n’est pas non plus désespérée : « Après avoir voulu vendre le plus de polymères possible, l’industrie du plastique veut être partie prenante du recyclage ». Et ce en particulier grâce au développement de nouvelles techniques de recyclage chimique. En Europe, quelques instituts de recherche comme l’IFPEN mènent aujourd’hui des travaux expérimentaux dans le domaine. Mais cette solution ne ravit pas les écologistes, qui appellent pour leur part à un changement radical de notre mode de consommation.