La hausse du niveau des océans, causée par le changement climatique, pourrait faire disparaître la moitié des plages de sable du monde d’ici à 2100, d’après une étude parue dans Nature Climate Change.
Des scientifiques se sont penchée sur l’évolution du littoral sableux de 1984 à 2015, à travers le monde, grâce à des images satellites pour en prédire l’évolution dans les décennies à venir. Leurs trouvailles ne sont pas encourageantes : l’érosion des plages sableuses, déjà importante aujourd’hui, devrait s’aggraver à l’avenir. Aussi, la moitié des plages de sable pourrait avoir disparu d’ici 2100 à cause du changement climatique et de la hausse des océans. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Nature Climate Change le 2 mars dernier.
Ils ont ainsi identifié plusieurs facteurs qui menacent la survie de ces étendues sableuses. Le réchauffement climatique tout d’abord, qui entraîne une hausse générale du niveau de la mer. Mais ils notent également que l’érosion est elle-même accentuée par l’activité humaine et les nouvelles constructions, qui retiennent les sédiments nécessaires à la régénération des plages. « Outre une vulnérabilité accrue aux risques côtiers, plusieurs des pays [impactés] sont susceptibles de subir des conséquences socio-économiques importantes, car leur économie est fragile et dépendante du tourisme », prévient l’étude.
S’il n’est pas aisé d’anticiper les impacts du changement climatique lui-même – son évolution dépend encore largement des politiques mises en place pas l’humanité – en se fondant sur le scénario le moins optimiste du Giec, soit une hausse de 4 degrés des températures, les chercheurs ont étudié les conséquences d’une élévation du niveau de la mer entre 0,59 mètre et 1,10 mètre par rapport à la période 1986-2005. Combinée à l’érosion, elle provoquerait ainsi un recul de 35 à 240 mètres des plages mondiales. Elle se situerait entre 15 mètres à 164 mètres en cas d’émissions de CO2 modérées.
Cela aurait plusieurs conséquences, pour l’homme mais aussi es écosystèmes avoisinants, les plages abritant de nombreuses espèces animales et végétales. « En dehors du tourisme, les plages de sable offrent souvent le premier mécanisme de protection contre des tempêtes et des inondations et sans elles, les impacts des événements climatiques extrêmes seront probablement plus forts », a averti Michalis Vousdoukas, chercheur au Centre commun de recherche de la Commission européenne qui a dirigé l’étude.
« Ces projections dans l’avenir ne doivent pas faire oublier que l’érosion des plages est déjà une réalité, rappelle Alain Hénaff, maître de conférences en géographie à l’université de Bretagne Occidentale. La fixation des rivages par des ouvrages [digues, enrochements], en particulier, pour défendre des enjeux humains imprudemment implantés sur un milieu littoral, a conduit à renforcer le départ des sédiments des plages en limitant leurs espaces de mobilité. La poursuite de l’accumulation d’enjeux [hommes et biens] sur ces territoires ne fait qu’amplifier les risques d’érosion et de submersion. »