L’idée d’une taxe carbone européenne s’est propagée dans tous les grands mouvements politiques français, et semble le seul point d’accord de la compagne pour les élections européennes. L’idée se heurte toutefois à certaines réserves dans d’autres états membres.
Alors que la Commission européenne planche sur une potentielle taxe carbone européenne sur le kérosène – elle vient de publier une étude qui propose d’introduire un prélèvement à hauteur de 33 centimes d’euros par litre de carburant – l’idée d’une taxe carbone globale progresse en Europe. Cette idée est depuis peu profondément enracinée en France, où presque toutes les formations politiques – des europhiles aux plus nationalistes – proposent de pousser une telle mesure au niveau européen.
Dans l’hexagone, l’idée n’est pas neuve. Elle a d’abord été soutenue par Nicholas Sarkozy, avant d’être reprise par François Hollande, puis maintenant Emmanuel Macron, qui s’est en fait le chantre du « renouveau écologique » européen pour les élections à venir. Mais plus largement, l’idée est présente un peu partout sur l’échiquier politique français, sans doute renforcée par les prises de position radicalement climatosceptiques de pays comme les Etats-Unis ou le Brésil.
On retrouve l’idée chez les Verts, d’abord et sans grande surprise, une formation qui demande « une taxe socio-environnementale aux frontières, qui permettra de tenir compte du vrai coût des produits » depuis des années. Comme beaucoup de mesures écologiques, la mesure a également séduit à gauche. La liste coalition Place publique et Parti socialiste défend une taxe qui permettrait de « financer les politiques de transition et d’aide au développement ».
Pour la France Insoumise il s’agit d’un outil pour mettre en œuvre un « protectionnisme solidaire », en favorisant « les productions écologiques et de proximité ». Même son de cloche chez Génération, le mouvement politique de Benoît Hamon va lui-même plus loin, en présentant un projet de règlement très détaillé, basé sur une échelle progressive « indexée sur le niveau de développement de chaque pays et de ses émissions ».
Mais l’idée a aussi séduit à droite. Si les arguments diffèrent un peu, la finalité Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan propose des droits de douane « anti-pollution » afin de « protéger notre environnement, nos emplois et notre mode de vie des importations déloyales ». Même le Rassemblement national appelle à « favoriser le localisme en détaxant les circuits courts et en surtaxant les importations mondialisées anti-écologiques ».
Même les très libéraux républicains sont favorables à la création d’une « barrière écologique », s’appuyant sur des « droits de douane anti-pollution » visant « les produits importés de pays qui ne respectent pas les normes environnementales ou sociales » européennes. Les recettes issues de cette taxe seraient, pour eux, affectées à la recherche et l’innovation.
L’idée vient initialement de Suède, qui a instauré une taxe climat de 6 à 39 euros sur les billets d’avion dès 1991. Cela a permis une diminution du nombre de passagers de 5% sur les vols intérieurs. C’est d’ailleurs en s’inspirant du modèle suédois que Paris a décidé de faire sienne l’idée d’une taxe carbone européenne. Depuis, la Finlande, le Danemark et le Royaume-Uni ont franchi le cap, avec plus ou moins d’ambition.
Malgré tout cet enthousiasme, pas question pour la France de faire bande à part. La mesure ne peut marcher que si elle est européenne. Or, il semble délicat de parvenir à un consensus entre les 27 état membres sur une telle question. A l’heure où une Europe à plusieurs vitesses est en train de se mettre de facto en place L’argument écologique ne convainc plus tout le monde. Mais si l’idée « d’assurer l’équité entre les producteurs européens et leurs concurrents » internationaux, comme l’a récemment exprimé le gouvernement français, pourrait peut-être trouver un écho plus favorable.