Lundi 13 Mai, le groupe Banque Européenne d’Investissement se réunissait au Conseil Économique et Social à Paris en présence de personnalités politiques telles que Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières et Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI France pour lancer son club de partenaires.
La conférence, intitulée « Investir dans l’Europe de demain », a été l’occasion d’établir un bilan de l’investissement en Europe, mais aussi de dresser des perspectives sur deux chantiers que sont la transition énergétique et les financements innovants. Le sujet de l’investissement est fondamental pour la R&D et se trouve au cœur de la politique scientifique, particulièrement en Europe.
Aussi un problème a été soulevé en amont : « l’Union Européenne ne génère pas assez de nouvelles entreprises leaders en R&D au niveau mondial, en particulier dans les secteurs les plus dynamiques car elle est en retard par rapport à l’adoption des technologies digitales, surtout dans le secteur des services. »
Ce diagnostic posé, les experts et les membres de la BEI ont témoigné et échangé sur les stratégies et les moyens à mettre en place. En l’occurrence, un Club réunissant plus de 32 entreprises publiques et privées a été lancé en présence de Sylvie Goulard, sous-gouverneur de la Banque de France et d’Ambroise Fayolle, Vice-Président de la BEI. Tous ces membres étant déterminés pour défendre les valeurs de l’Europe.
Si on prend le cas concret de la transition énergétique, par exemple, comment la BEI est-elle susceptible d’intervenir ? En introduction, Éric Scotto, président directeur d’Akuo Energy a balayé les différents axes de progrès liés à ce sujet : il a parlé notamment de l’Afrique, pour laquelle la BEI peut présenter des garanties ; de l’agriculture avec la possibilité de créer des fonds hybrides qui financent à la fois des projets agricoles et les énergies renouvelables ; de la mobilité verte – « une chance pour l’Europe » – avec la possibilité de créer des emplois fixes et durables autour de projets d’énergies renouvelables (hydrogène et électricité). Le débat qui a suivi a permis à des décideurs de collectivités territoriales de venir témoigner sur les projets liés aux transports urbains avec le financement d’un projet d’équipement de bus à hydrogène, de soutien de l’habitat privé pour accompagner les investisseurs qui veulent privilégier les investissements énergétiques et à un réseau ferroviaire. Pilar Solano, responsable des nouveaux produits et transactions spéciales de la BEI a exposé, quant à elle, son travail : elle cherche à financer des projets qui présentent des risques technologiques à hauteur de 200 millions à ce jour, des projets tels que l’éolien flottant, le développement dans le solaire, une démonstration pour une usine de piles solaires, un projet avec l’énergie houlomotrice. Ce fond cherche également à accélérer les projets peu innovants mais en quête d’une plus grande infra-structure et accélérer activer ? D’après l’experte espagnole, l’effort à fournir pour financer la transition écologique est considérable puisqu’il faudrait trouver 400 milliards pour financer, par exemple, la génération d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, la BEI n’a financé que 12 à 14 milliards, soit 3 % de l’objectif.
On comprend alors tous les enjeux auxquels fait face la Banque Européenne et l’intérêt de son nouveau Club de 32 partenaires qui réunit des acteurs publics et privés, tels que BpiFrance, Carmat, Eiffel Investment group, la Région Île-de-France ou encore Iliad. Comme l’affirme Ambroise Fayole : « Nos partenaires peuvent être fiers d’être financés par l’Europe parce que cela signifie qu’ils œuvrent aussi pour le bien commun, sur les territoires, au plus près des Français et pour leur avenir. »
Notons que sur son site internet, la BEI se définit comme étant « le premier prêteur multilatéral et le principal bailleur de fonds de l’action en faveur du climat dans le monde. » Et comme l’affirme Werner Hoyer, son président : « La BEI est une très bonne affaire pour l’UE. Elle fait travailler l’argent. Non pas l’argent du contribuable, mais celui qu’elle se procure auprès d’investisseurs sur les marchés de capitaux. » Ainsi, dans son dernier projet, elle entend mobiliser 2 milliards d’EUR en faveur de l’agriculture en Europe, et plus particulièrement venir en aide aux jeunes agriculteurs.
On sait qu’en matière de science et technologie l’Europe fait face à une concurrence féroce de la Chine et des USA qui disposent de moyens considérables et n’hésitent pas à investir des milliards sur les secteurs stratégiques. Les Européens auraient donc tort de se priver de ce précieux outil.
Aussi, on peut espérer qu’une Banque sera mieux à même de juger du retour sur investissement des innovations, et faire le tris parmi les projets qu’elle veut soutenir, contrairement à un Etat qui se contenterait de verser des subventions. Un sujet comme la transition énergétique mérite la plus grande prudence et il faut se garder de toute décision qui s’appuierait uniquement sur des arguments catastrophistes. Comme le rappelle Bjorn Lomborg, dans une vidéo pour Prager Institute, alors qu’on sonne la sirène d’alarme depuis plus de vingt ans maintenant, les émissions de CO2 ont continué de progresser et cette politique n’a encouragé que la poursuite d’une seule politique climatique qui a tenté de diminuer les émissions de carbone en subventionnant les fermes à éoliennes et les panneaux solaires. Or selon l’Agence Internationale de l’Energie, seulement 0,4% de l’énergie consommée au niveau mondial vient du solaire et de l’éolien ; et les prévisions les plus optimistes de l’agence imaginent que ce chiffre ne dépassera pas les 2,2%. Aussi, comme le souligne le président de l’Environmental Assessment Institute pour les deux prochaines décennies, ces deux solutions « feel-good » sont chères et auront un impact climatique imperceptible. Aussi, au lieu de subventionner ces énergies, nous devrions investir massivement dans la R&D d’énergies vertes pour diminuer leur coûts. Un message qui devrait résonner aux oreilles des acteurs de la BEI et de son nouveau Club.
This post is also available in: EN (EN)DE (DE)