Les cinq groupes pétroliers cotés en bourse aurait dépensé un milliard de dollars en lobbying depuis la COP 21 d’après le think tank britannique InfluenceMap.
ExxonMobil, Shell, Chevron, BP et Total seraient-ils les rois du double discours ? Après avoir applaudi les conclusions de la COP 21 et ses engagements en faveur de la maîtrise du réchauffement climatique, les cinq géants de l’or noir auraient versé près de 200 millions de dollars tous les ans pour « étendre leurs opérations en matière d’énergies fossiles ». C’est ce que rapporte InfluenceMap, un think tank basé à Londres dont le but est de suivre l’action d’influence des grands groupes internationaux.
« Le secteur des énergies fossiles a renforcé un programme assez stratégique visant à influencer l’agenda climatique » précise le directeur d’InfluenceMap, Dylan Tanner. Si la pratique n’est pas une grande surprise, c’est le montant faramineux déployé pour les affaires publiques qui surprend. Et ce d’autant plus lorsqu’on le compara au budget a annuel de 195 millions de dollars – légèrement inférieur, donc – visant à soutenir l’agenda climatique mis en place lors de la Conférence de Paris sur le changement climatique.
« Les géants du pétrole se présentent comme des acteurs clés de la transition énergétique tout en faisant pression pour retarder, affaiblir ou s’opposer à une véritable politique climatique », fustige Edward Collins, analyste qui a piloté cette étude. Ces dernières dépensent en effet plus pour « capturer le discours climatique » en faisant la promotion d’opérations vertes mineures que pour assurer la transition à laquelle ils se sont engagés (on parle de greenwashing).
« L’étude d’InfluenceMap confirme le soupçon largement répandu que les beaux discours des majors pétrolières sur le climat et le développement durable ne sont que de la rhétorique et rien de concret », s’insurge Catherine Howarth, directrice de ShareAction, un organisme à but non lucratif. « Ces entreprises maîtrisent à la perfection l’art du double discours – elles se vantent haut et fort de leur contribution pour le climat tout en utilisant en coulisses leur puissance de lobbying pour saboter la mise en place des politiques climatiques ».
Ces révélations suivent de près une audition au Parlement européen accusant le géant américain ExxonMobil d’avoir menti durant des années au grand public et caché les dangers du réchauffement climatique. L’entreprise a d’ailleurs perdu ses badges d’accès au Parlement après le scandale.
Notons que le bilan un peu moins mauvais pour les acteurs européens du secteur : « les entreprises pétrolières européennes surpassent leurs homologues américaines, chinoises et russes en termes d’investissements dans les technologies à faibles émissions de carbone » notait à ce propos Euractiv.