Lors d’une rencontre entre Yuval Noah Harari et Jared Diamond, qui a eu lieu au Brésil (1), l’animateur Ronaldo Lemos a lancé les deux auteurs superstars sur cette question : « Les petits Chinois veulent être astronautes, alors que les petits Américains rêvent d’être youtubers ». Mais que veulent les petits Européens ? Une question pour Europeanscientist.
Les petits Chinois en pointe pour les métiers scientifiques et techniques ?
C’est un sondage passé un peu inaperçu en Europe et pour cause. Il a été effectué à l’occasion des 50 ans de la mission Appolo 11 qui a porté Armstrong, Aldrin et Collins sur la Lune. Le programme spatial aurait inspiré toute une génération d’enfants américains à s’engager dans les filières math-physique. À l’occasion de la célébration de cet évènement, la firme Lego a voulu réaliser un sondage sur plus de 3 000 jeunes aux USA, en Chine et au Royaume-Uni en les questionnant sur leur rapport à l’espace et à la connaissance en général. Le résultat le plus significatif étant que les enfants occidentaux sont davantage intéressés par les métiers liés à Youtube que par les voyages spatiaux. A contrario, 56 % des jeunes Chinois sondés, quand on leur demande ce qu’ils souhaitent faire comme métier, veulent devenir astronautes (ou plus exactement taïkonaute) ; le même métier n’intéresse que 11 % des jeunes Américains et Anglais. Par contre 30 % des jeunes Anglais et 29 % des jeunes Américains veulent devenir vloggers et/ou youtubers. Il est également intéressant de voir que si 75 % des enfants pensent que les humains vivront dans l’espace ou sur une autre planète, les enfants Chinois semblent être beaucoup plus déterminés à y vivre effectivement.
Les auteurs du sondage s’interrogent sur les différences de cet écart (2) et émettent l’hypothèse que les petits Américains sont moins intéressés parce que les USA ont déjà expérimenté cela et vivent avec la représentation que leur pays se trouve depuis des années à l’avant-poste de toutes les expéditions spatiales. Mais ils émettent aussi l’hypothèse d’une valorisation de la science et de l’exploration spatiale par le système éducatif chinois.
On peut aussi imaginer une autre explication : le mythe ne serait plus entretenu et même, certains dégonflent la baudruche comme, par exemple, cette vidéo dans laquelle Nicole Stott, une ancienne astronaute, passe en revue les scène mythiques de l’espace, vues par Hollywood. Tous nos rêves s’écroulent d’un seul coup quand elle dit : « You’d never have Georges Clooney jetpacking around ».
Les petits Européens entre Thomas Pesquet et Greta Thunberg ?
S’interroger sur les aspirations des jeunes est fondamental, surtout dans une perspective de savoir s’ils ont une appétence pour la science et la technologie sachant que la concurrence chinoise se fait, chaque jour qui passe, un peu plus rude. Nul besoin d’être grand devin pour imaginer que les jeunes anglais qui souhaitent être bloggers sont représentatifs de l’état d’esprit des jeunes européens.
Notons toutefois qu’en France, le phénomène Thomas Pesquet a eu un effet remarquable et réussi à sensibiliser de nombreux jeunes, notamment en exerçant des opérations pédagogiques au travers d’une conférence interactive qui a réuni plus de 10 000 classes (3). On se dit alors qu’il serait peut-être intéressant de réaliser un sondage auprès de ces jeunes générations pour voir le nombre de vocations que ce héros européen peut susciter.
Sans avoir posé la question aux intéressés eux-mêmes, il est difficile de savoir donc entre Thomas Pesquet et Greta Thunberg, qui sera leur plus grande source d’inspiration. En tous les cas, il ne faut pas être devin pour imaginer que la science et la technologie européenne ont tout intérêt à ce que nos chers enfants ne soient pas incités à faire l’école buissonnière et gâcher leurs talents avec une grève de l’école pour le climat.
Et s’ils veulent vraiment s’engager, il existe beaucoup d’autres moyens d’actions et le monde n’attend pas. Il suffit pour s’en convaincre d’aller voir le film Demain est à nous, du réalisateur Gilles de Maistre qui a filmé des jeunes qui s’engagent pour des causes ou dans des actions concrètes un peu partout sur la planète. Comme par exemple un jeune péruvien qui à l’âge de 7 ans à décidé de fonder une banque coopérative, ce afin d’aider les enfants de son quartier de gagner de l’argent en collectant des déchets recyclables.
(1) https://www.youtube.com/watch?v=VLXHnGVp7ZU
(2) https://arstechnica.com/science/2019/07/american-kids-would-much-rather-be-youtubers-than-astronauts/
(3) Ainsi comme le rapporte le JDD : « Une conférence interactive a ainsi réuni 10 000 classes, soit 230 000 élèves du CP à la troisième. « Un moment magique », rapporte une institutrice : « Avoir l’honneur pour une petite école de campagne de communiquer avec Thomas Pesquet, quel bonheur ! Je ne pensais pas l’exploit réalisable dans nos petits villages et pourtant… » Pour Thomas Baudin, l’un des fondateurs de la start-up Equalx, spécialisée dans le développement de contenus éducatifs innovants, et qui a organisé cette conférence, l’astronaute est un « pédagogue dans l’âme ». https://www.lejdd.fr/Societe/comment-thomas-pesquet-a-conquis-les-francais-3344804