En pleine tourmente du fait de la guerre commerciale entre Pékin et Washington, le géant des télécoms chinois, Huawei, lance une opérations séduction en Europe.
Le géant chinois des télécoms Huawei mise sur l’Europe. C’est en tout cas le message que veut faire passer une campagne de communication maousse mise en place par le deuxième constructeur mondial de smartphones. Ce recentrement de ses activités sur le vieux continent est la conséquence directe de la décision de la Maison Blanche d’interdire aux entreprises américaines de vendre leurs technologies au groupe chinois (en particulier Android, le système d’exploitation de Google qui domine aujourd’hui le marché mondial). À l’occasion du Huawei European Innovation Day — les 4 et 5 novembre à Paris —, l’entreprise a multiplié les belles promesses.
« Dans les années à venir, nous allons nous fournir de plus en plus en Europe, dans les cinq ans cela représentera 40 milliards de dollars d’approvisionnement » a annoncé Ernest Lin Zhang, président pour l’Europe de l’Ouest des activités entreprises chez Huawei, lors de ce grand forum. « C’est une opportunité merveilleuse pour les entreprises européennes », estime ce dernier. Et ce, tout particulièrement pour la mise en place d’un cloud souverain européen. Une telle entreprise permettrait le stockage et le traitement de données en ligne sans passer par les géants technologiques de la Silicon Valley, qui ont aujourd’hui une forme de monopole faute de concurrent européen.
Pour ce projet, Huawei se veut rassurant :« Hors d’Europe, nous fournissons notre propre service mais sur le continent notre stratégie s’appuie sur le développement en commun avec nos partenaires, nous leur apportons un soutien afin qu’ils développent leurs propres services de cloud » note. « Si les clients passent chez ces opérateurs, c’est bien un acteur européen qu’ils choisissent, les données sont stockées en Europe, nous n’y avons absolument pas accès, elles sont totalement gérées par nos partenaires », promet ce dernier. Un engagement qui n’est pas anodin, quand on connait les accusations d’espionnage potentiel au profil de Pékin dont fait l’objet ce groupe.
Comme une piqûre de rappel, la Commission européenne a publié un rapport sur la cybersécurité des réseaux 5G le mois dernier, mettant en garde contre les « menaces posées par des États ou des opérateurs qu’ils soutiennent sont considérées comme de la plus haute importance ». Lours de la conférence parisienne, l’eurodéputée, Josianne Cutajar (S&D) a rappelé l’importance de garantir la souveraineté de l’Europe, une vision partagée par la Commission européenne. « La souveraineté numérique européenne est l’instrument le plus efficace que nous ayons pour nous créer une place dans le monde moderne » a noté l’élue maltaise.
Si les états sont aujourd’hui divisés sur une ouverture plus large de leur marché à Huawei, Bruxelles compte rester l’interlocuteur principal du géant chinois. Margrethe Vestager, la nouvelle vice-présidente de la Commission chargée de la politique numérique et antitrust, a ainsi récemment rappelé que l’implication de Huawei dans l’UE serait déterminée unanimement par les seuls fonctionnaires européens, « quels que soient les pressions ou les conseils que nous recevons ».