Un débat sur la réduction des émissions d’ammoniac par l’agriculture s’est tenu à Bruxelles à l’initiative du site d’informations Euractiv.
Les émissions d’ammoniac contribuent à la formation de particules fines, à l’eutrophisation des milieux naturels et nuisent à la santé des plantes en provoquant une perte d’unités d’azote utiles pour leur croissance. L’agriculture à elle seule représente environ 94 % de toutes les émissions d’ammoniac de l’UE – principalement les déjections des animaux, mais également les engrais azotés. La France est la première émettrice d’ammoniac en Europe.
L’union européenne a décidé de combattre cette pollution au travers des « directives nitrates » en vigueur depuis le début des années 1990. Mais les efforts de réductions appelés de ses veux par Bruxelles (-10% d’ici 2030 : 7% pour l’élevage bovin, -26% porcin, -16% volailles) risquent de ne pas être atteints.
Malgré des progrès modestes dans la lutte contre la pollution à l’ammoniac, Veronica Manfredi, directrice de DG Envi, s’est félicité d’« une réelle prise de conscience parmi les éleveurs, leurs représentants et les acteurs institutionnels » lors de récents atelier-débats organisés par Euractiv dans la capitale européenne.
D’après elle, avec l’évolution des mentalités, il est possible d’avoir un vrai impact. « Nous savons tous quelles sont les causes des émissions d’ammoniac, et quel est leur impact sur la santé », a-t-elle souligné. « Notre objectif est de diviser par deux le nombre de victimes d’ici 2030. » Un pronostic considéré comme optimiste par les organisations de défense de l’environnement.
Pour Mme Manfredi, plusieurs pistes sérieuses doivent être explorées, notamment l’optimisation de l’alimentation animale (volailles et porcins), l’amélioration de la gestion des effluents (rendre étanches les bâtiments agricoles et d’élevage, de couvrir les fosses à fumier et à lisier, et enfouir les engrais chimiques et naturels directement après leur épandage en champ) et leur valorisation agronomique.
« Il est crucial de développer de nouvelles technologies et de permettre à un plus grand nombre d’agriculteurs d’adopter l’agriculture de précision. Par conséquent, nous devons soutenir financièrement les agriculteurs et favoriser le transfert de connaissances afin de réduire les émissions, l’impact environnemental et d’améliorer la gestion des intrants », estime pour sa part Luc Vernet, conseiller principal du groupe de réflexion Farm Europe.
Evangelos Koumentakos, conseiller politique de la Copa-Cogeca, l’association européenne des agriculteurs et des coopératives agricoles, a toutefois tenu à modérer les ambitions réformatrices des autres intervenants. « Nous devons soutenir les agriculteurs, les consulter et leur donner des options qui ne mettront pas en péril leur viabilité économique » a-t-il avancé. « L’agriculture a déjà réduit ses émissions et aura besoin des bons outils, de la flexibilité et des bonnes technologies pour pouvoir continuer. »