
Les partisans du tunnel ferroviaire entre la France et l’Italie (Lyon – Turin) ont connu un franc succès au lendemain des élections européennes, redonnant une seconde vie à ce projet.
La victoire écrasante (85% des suffrages) de la Ligue du Nord (qui fait partie de la majorité) et du Parti démocrate, deux partis ouvertement favorables à la construction d’un tunnel ferroviaire entre la France et l’Italie, pourrait bien sortir le projet de l’impasse. Ce projet gargantuesque – 57 kilomètres de long, pour quelques 8,6 milliards d’euros, et des voies d’accès afférentes, qui se chiffrent à 7,7 milliards côté français, et à 1,7 milliard côté italien – doit s’accompagner d’une nouvelle ligne de train de 270 kilomètres reliant les villes françaises Lyon et italienne Turin.
« Il était important de retrouver une dynamique », s’est félicité Jacques Gounon, président de La Transalpine mardi 4 juin. En février, le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli (M5S), avait en effet publié un rapport soutenant que le tunnel serait une perte d’argent. « Comme tout le monde peut désormais le constater, les chiffres de cette analyse économique sont extrêmement négatifs », avait-il alors estimé. « C’est maintenant au gouvernement de prendre une décision. » Mais le net recul de son parti (17 % des suffrages, seulement) au profit de forces favorables au projet pourraient bien inverser la tendance.
« La situation politique en Italie après les élections européennes ne pourrait pas être plus favorable à la réalisation de l’ouvrage », a souligné le président du patronat du Piémont Fabio Ravanelli. « Nous n’avons pas besoin d’un référendum sur la ligne à grande vitesse. Il s’est déroulé avec les élections européennes ». « Cette nouvelle donne politique en Italie nous donne de très, très belles opportunités », a pour sa part relevé le vice-président d’Auvergne-Rhône-Alpes Etienne Blanc.
Le projet suscite aussi l’enthousiasme au niveau européen. « Si la France et l’Italie demandent une participation financière à l’Europe pour réaliser les voies d’accès au tunnel transfrontalier de la liaison Lyon-Turin, la réponse est oui, oui, oui ! » a confirmé la coordinatrice du corridor méditerranéen pour la Commission européenne, Iveta Radicova. La Commission, qui s’est déjà engagée à payer 40% des coûts du tunnel lui-même, se dit aujourd’hui prête à couvrir 55% du coût du chantier des voies d’accès au tunnel.
Paris était également favorable au projet. Mais les résultats des élections européennes dans l’Hexagone auront également un impact. Le parti Europe écologie les Verts (EELV), dirigé par l’eurodéputé Yannick Jadot, arrivé troisième lors d’un scrutin fortement teinté par l’écologie, est fermement opposé à ce projet. « Ça doit s’arrêter. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas réagir aux 67 000 décès prématurés causés par la pollution atmosphérique en dépensant 26 milliards d’euros pour un résultat potentiel pour les 15 à 20 prochaines années » a ainsi estimé le leader vert.