La NASA a annoncé son intention de construire un réacteur à fission nucléaire pour une installation sur la Lune à l’horizon 2030. Ce projet ambitieux vise à fournir une source d’énergie durable et indépendante pour les futures missions habitées. Elle entend aussi renforcer la présence américaine sur le satellite avant la Chine, qui prévoit d’y envoyer ses premiers astronautes la même année.
L’initiative répond autant à des enjeux géopolitiques qu’à des impératifs scientifiques et technologiques. L’énergie nucléaire représente la seule solution capable d’assurer une alimentation continue en électricité durant la nuit lunaire, qui dure l’équivalent de deux semaines terrestres, période où l’énergie solaire devient inutilisable. Elle pourrait aussi permettre la création d’une base habitée permanente et ouvrir la voie à des voyages vers Mars, où la lumière solaire est beaucoup plus faible.
Selon la NASA, ce réacteur servira à alimenter les équipements nécessaires à l’extraction et au raffinage des ressources locales, comme l’eau et l’oxygène, indispensables à la survie humaine et à la production de carburant. L’agence prévoit de l’intégrer au cœur d’une base lunaire durable, conçue pour accueillir des missions de plus en plus longues.
La localisation du réacteur représente un enjeu majeur. Les scientifiques privilégient les régions polaires, notamment le pôle sud, où des cratères en permanence à l’ombre pourraient contenir de la glace d’eau. Ces réserves constituent une ressource stratégique, car elles pourraient être transformées en eau potable, en oxygène respirable et en hydrogène pour propulser les engins spatiaux. Plusieurs missions en orbite lunaire ont déjà détecté des indices de dépôts de glace, mais les données restent incomplètes.
Pour lever ces incertitudes, la NASA s’appuiera sur le rover VIPER (Volatiles Investigating Polar Exploration Rover), déjà prêt et stocké en attendant son lancement. Ce robot explorera le sol lunaire pour confirmer la présence et la composition des gisements de glace, un travail essentiel avant toute implantation du réacteur. Les chercheurs estiment qu’il serait possible d’obtenir ces données en un à deux ans, si la mission est correctement financée.
Une autre difficulté réside dans la protection du réacteur face aux poussières lunaires. Lors des atterrissages, les engins soulèvent un panache de régolithe, un mélange abrasif de roches et de poussières pouvant détériorer les installations voisines. En 1969, l’équipage d’Apollo 12 avait constaté les effets corrosifs de ces projections sur la sonde Surveyor 3. Avec les futurs atterrisseurs, beaucoup plus puissants, le risque est encore accru.
Pour éviter toute dégradation, la NASA envisage d’installer le réacteur derrière des reliefs naturels ou à plus de 2,4 kilomètres des zones d’alunissage. À long terme, la construction d’une aire d’atterrissage dédiée deviendra indispensable afin de limiter la dispersion du régolithe.
Illustration réalisée avec Grok