S’il y a un consensus sur cette Terre, c’est que la vie vaut la peine d’être vécue. Loin d’être parfaites, ce qui serait très ennuyeux, les conditions de cette vie doivent sans cesse être améliorées, cela s’appelle aspirer au progrès. Alors que l’on se rend compte des limites à la charge que l’activité humaine peut faire peser sur l’environnement, c’est d’encore plus de progrès dont il y a besoin. Mais à ce sujet, il n’y a pas consensus, ni sur les buts à poursuivre ni sur les moyens à utiliser. Cependant, c’est ici et maintenant que lesdits moyens doivent être disponibles pour atteindre les objectifs que l’on se fixe.
Aujourd’hui, les 83% des besoins énergétiques du monde sont fournis par les carburants fossiles. Leur usage est indispensable et durera tant que l’exploration de nouveaux gisements et leur exploitation sont plus attractifs que les alternatives, externalités positives et négatives comprises (1). En 2019, les énergies dites « durables » ne couvrirent que 45% de la faible croissance (1,3%) de la consommation énergétique du monde.
Imaginons un instant que les équipements « durables » ne devraient être conçus, fabriqués et utilisés qu’à l’aide de ressources « d’origine durable » et estimons le temps que cela prendrait pour effectuer une « transition » totale. Avec leur plus faible ERoEI (retour énergétique sur l’investissement en énergie) et leur maigre disponibilité, ce but ne serait atteint qu’à la Saint Glinglin.
Par ailleurs, les besoins humains ne consistent pas seulement en apports énergétiques et doivent être satisfaits au cours de chacune de nos courtes vies. La réponse à ce défi n’est pas dans l’idéologie mortifère du sacrifice au nom des générations futures et du crime qu’il y aurait à ne pas l’accomplir.
Un concept de décroissance sobre et heureuse est pourtant proposé. Cela peut se concevoir individuellement ou dans des cercles restreints de personnes partageant les mêmes idées. Mais cela n’a aucune valeur dans une société dont on constate et loue la diversité et les disparités. Ou alors, c’est une tentation totalitaire qui s’exprime, toujours inacceptable.
Il y a donc double nécessité d’encore découvrir et exploiter des ressources d’origine fossile et, plus généralement, minérale : pour vivre aujourd’hui et pour accomplir de nécessaires progrès. La diabolisation dont cela fait actuellement l’objet est en soi diabolique.
De leur part, les alternatives ne seront pas rendues plus attractives de manière durable par des mécanismes d’incitations fiscales et de subventionnement qui se font à la charge de la collectivité (qui travaille de manière non durable à au moins 83%). Elles doivent satisfaire des impératifs de bonne utilisation des ressources, tenant compte de leurs externalités positives et négatives. Des contraintes très exigeantes s’appliquent à ces développements technologiques ; « autrement » ne suffit pas, cela doit être clairement supérieur.
Une des solutions est connue et disponible, c’est le nucléaire dans sa meilleure forme actuelle (EPR chinois), sa forme démontrée à grande échelle mais abandonnée pour des raisons politiques (surgénérateur Superphénix à Creys-Malville), ou ses formes modulaires encore à mettre au point et à déployer.
Il y a aussi des solutions connues, comme l’hydraulique qui est déjà bien établi et tient un rôle essentiel. Mais d’autres sont moins disponibles, comme le solaire qui ne fait rien la nuit et peu sous les nuages (entre 75% et 90% d’inutilisation des capacités installées), l’éolien qui repose au calme plat ou se met en drapeau en cas de tempête (inutile à 60-80%), la biomasse qui ne pousse qu’une fois par saison, ou la géothermie qui est locale.
Il est possible de pallier l’indisponibilité chronique et chaotique de ces dernières : stockage d’électricité, recours au gaz en cas de risque de black-out, carburants synthétiques, meilleure efficience à la consommation ainsi que recyclages. Cependant, ces solutions ont, elles aussi, leurs limites, leurs inefficiences et leurs externalités problématiques. Elles requièrent un financement démesuré. Personne ne s’y engage vraiment car aucun modèle économique valable n’est présenté qui puisse convaincre des investisseurs. Ce sont des espérances auxquelles, sans raison, les politiques s’attachent avec obstination, malgré les réalités. On en reste aux jeux fiscaux qui mangent le pain des contribuables et ne créent rien.
Sources primaires ou vecteurs secondaires, tout est à considérer dans un ensemble dont la mission n’a rien d’idéologique. Il s’agit d’approvisionner la société en énergie sous une forme sûre et utile, en tout temps et en tous lieux. Confiant dans l’inventivité humaine il est certain que, petit à petit, l’une après l’autre, les meilleures réponses au défi posé deviendront réalité, et d’autres que personne n’imagine encore. Alors la part des fossiles pourra diminuer. Ça ne s’ordonne pas ni se planifie, il faut laisser du temps à ce temps-là.
(1) En 2019, les énergies dites « durables » ne couvrirent que 45% de la faible croissance (1,3%) de la consommation énergétique du monde.
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