Et si rationner l’énergie accélérait l’obsolescence de l’humanité ? C’est l’angle mort du débat, il faut donc soulever cette question que personne n’ose poser. En restreignant volontairement notre accès à l’énergie abondante, ne créons-nous pas précisément les conditions de notre propre remplacement ? Des questions déroutantes et pourtant bien justifiées qu’il convient de se poser selon le préventeur Eric Van Vaerenbergh. Avec l’arrivée des premiers neurones en silicium, cet expert en cyndinique ( la science des risques) a identifié de nouveaux risques existentiels qu’il nous expose ici.
La compétitivité humaine en question
Dans un monde avec de l’énergie rare, l’humain devient un « coût énergétique » à optimiser face à des technologies devenant plus sobres que lui-même et pouvant le remplacer. Il y aura une pression immédiate pour remplacer ses fonctions. Dans un monde avec de l’énergie abondante, l’énergie n’est plus le facteur limitant. Le « coût » humain devient acceptable et permet de pérenniser l’humanisme dont l’humain a tant besoin. Il n’y a plus d’urgence à le remplacer.
Ce n’est pas une question de savoir « SI » l’IA deviendra plus efficiente, mais de « QUAND ». Toute contrainte énergétique accélère dramatiquement ce « quand ».
L’ironie est cruelle : les mouvements qui veulent protéger l’humanité des risques technologiques en limitant l’énergie pourraient involontairement accélérer notre obsolescence en créant les conditions économiques qui rendent le remplacement humain urgent et nécessaire.
L’énergie abondante n’évite peut-être pas le problème à long terme, mais elle nous donne quelque chose de vital : du temps pour.
– adapter nos sociétés progressivement plutôt que brutalement.
– développer des cadres éthiques et politiques.
– explorer des synergies humain-machine plutôt que des remplacements forcés.
– maintenir notre dignité et notre agentivité pendant que nous cherchons notre nouvelle place.
Restreindre l’énergie, c’est porter atteinte à l’humanité
La vraie question n’est donc pas « croissance vs décroissance » ou « nucléaire vs renouvelables ». La vraie question est : « Comment maintenir l’agentivité humaine dans un monde où l’IA devient plus efficiente que nous ? Et de combien de temps avons-nous besoin pour y parvenir ? ». Les décisions énergétiques d’aujourd’hui déterminent notre « budget temps » pour cette adaptation. Fermer des centrales, ralentir la recherche, limiter les capacités de production, ce sont des choix qui réduisent notre marge de manœuvre temporelle.
Cet angle mort doit entrer dans le débat public et politique. Il ne faut pas faire de plaidoyer techno-optimiste, mais poser cette question légitime que nous devons nous poser collectivement. Si nous limitons volontairement notre accès à l’énergie pendant que l’IA devient exponentiellement plus efficiente, ne créons-nous pas les conditions qui exigeront économiquement de remplacer l’humain ? Et si oui, est-ce un risque acceptable ? La contrainte énergétique pourrait transformer l’humain en luxe alors que l’abondance énergétique permettrait de pérenniser de l’humanisme abondant.
Le débat mérite d’être posé.
Transneurones et discours anti-énergie
Les premiers “neurones en silicium” sortent des labos et un phénomène inquiétant se développe : la haine de l’énergie. En Belgique, des universitaires médiatisés expliquent que « rendre l’énergie gratuite serait une catastrophe écologique ». En France, d’autres rejettent l’idée même d’une énergie très abondante et très respectueuse de notre biosphère, comme la fusion nucléaire. Elle est présentée comme « une catastrophe pour la planète » alors que les humanistes imaginent grâce à elle pouvoir développer du bien-être humain abondant pendant des milliards d’années. Et si ces slogans spectaculaires étaient, eux, le vrai danger pour notre avenir ?
Regardons les grandes IA d’aujourd’hui (ChatGPT, Claude Gemini, Deepseek, Manus, Kimi, etc.) et imaginons notre cerveau, cette merveille qui nous fait rire, aimer, rêver, inventer, fonctionnant avec 20 watts. C’est à peine la puissance d’une ampoule LED. A ce jour, les centres de données des IA engloutissent plus d’énergies que certains pays entiers. À la suite de leur développement, l’Agence Internationale de l’Énergie prévoit que d’ici 2030, les data centers consommeront presque autant que le Japon tout entier. En parallèle, sous la pression écologique, sans pouvoir empêcher l’IA de se développer, l’innovation avance pour rendre l’IA de plus en plus économe. En août 2025, des chercheurs ont publié dans la revue Nature, le premier « transneurone » : un seul petit composant électronique capable d’imiter plusieurs types de neurones du cortex (vision, mouvement, planification). Il utilise des memristors, des puces qui « se souviennent » comme nos synapses, et consomment 100 à 1000 fois moins d’énergie que les GPU actuels pour les mêmes tâches.
On fabrique déjà des neurones artificiels presque aussi économes et flexibles que les neurones biologiques. Ils n’ont pas besoin de dormir, de manger, d’oxygène. Ils supportent le vide spatial, les radiations, des températures extrêmes. Dans un futur où l’énergie deviendrait volontairement limitée ou chère, qui sera le plus « apte » à survivre ? L’être humain fragile de 70 kg qui a besoin de 20 watts, mais dans un corps qui en demande 100 fois plus pour aimer, bouger, se chauffer, se nourrir, se divertir ? Ou la machine qui fait la même chose avec très peu d’énergie et aucun autre besoin biologique ? Le verdict énergétique est brutal : la machine.
Sélection naturelle : la vie biologique en prise avec le silicium
Si nous rationnons et rendons impayables les énergies très respectueuses de notre biosphère par idéologie, nous créons nous-mêmes les conditions d’une sélection où le corps et l’intelligence biologiques humaines accéléreront leur propre obsolescence, voire leur auto-élimination. Les moyens de production de cette énergie non développés, empêchés ou arrêtés par certains, c’est un coup de pouce donné aux neurones en silicium. Faire le contraire, c’est permettre un sursis pour l’humanité biologique.
Les anti-énergies crient « danger ! » pour l’environnement, sans se poser la question des conséquences à long terme face aux risques existentiels. Ils deviennent les complices involontaires de la fin de notre humanité biologique, en affaiblissant le socle énergétique nécessaire au vivant. Deux voies seulement s’offrent à nous : préserver la vie biologique ou accélérer son remplacement par le silicium.
Les anti-energies deviennent des complices involontaires de la fin de notre humanité biologique
Le transneurone sobre existe. Si nous créons volontairement la rareté énergétique, nous accélérons l’arrivée d’un monde où les artéfacts intelligents deviendront, par simple logique évolutive, plus « aptes » que nous. Dans un univers sous-énergisé, l’humain devient l’entité la plus coûteuse. Selon Darwin et Wallace, l’espèce la moins apte survit rarement. Ce n’est pas un sacrifice : c’est la thermodynamique appliquée aux erreurs que nous aurions nous-mêmes produites en affaiblissant notre socle énergétique. N’ouvrons pas la porte à des idéologies qui mettent l’humain en danger.
Sources :
- https://www.sfen.org/rgn/croissance-verte-existe-jean-marc-jancovici/
- https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_la-fusion-nucl%C3%A9aire-est-un-vieux-r%C3%AAve-on-activity-7368522191216353280-N3JY?utm_source=share&utm_medium=member_desktop&rcm=ACoAAAI21WMBuFCWRi5kZjkzgp75pp7-iocHYes
- https://www.pauljorion.com/blog/2019/10/28/la-fusion-nucleaire-derniere-planche-de-salut-des-cornucopiens-par-cedric-chevalier
- https://www.partage-le.com/2021/11/15/gros-con-causer-le-retour-du-nucleaire-par-nicolas-casaux
- https://www.quieryavenir.fr/blog/2022/01/20/la-confusion-nucleaire
- https://www.ianfairlie.org/news/nuclear-fusion-not-the-answer-to-our-energy-needs
- https://www.rtbf.be/article/developpement-de-l-energie-renouvelable-pourquoi-ma-facture-ne-diminue-t-elle-pas-11635737
- https://www.nature.com/articles/s41467-025-62151-9
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11996751
- https://www.humanbrainproject.eu/en/follow-hbp/news/2023/09/04/learning-brain-make-ai-more-energy-efficient
- https://www.iea.org/reports/energy-and-ai/energy-demand-from-ai
- https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2528654122
- https://existential-risk.com/concept.pdf
- https://www.nature.com/articles/s41467-025-62151-9
- https://www.iea.org/reports/energy-and-ai/energy-demand-from-ai
- https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/chapter/chapter-6
- https://www.iaea.org/sites/default/files/iaea-ccnp2022-body-web.pdf
- https://iea.blob.core.windows.net/assets/601eaec9-ba91-4623-819b-4ded331ec9e8/EnergyandAI.pdf
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Et vous, que ferez-vous le jour où l’IA aura résolu tous les problèmes ?
Merci Eric Van Vaerenbergh pour ces rappels. Les versets du catéchisme VERT de gris du type « baisse éteins décale » sont portés au plus haut sommet de l’État, notamment par Madame Elisabeth Borne quand elle était ministre de l’écologisme.
Il y a un point commun entre la pédagogie et l’idéologie. C’est la répétition. Les VERTS rabâchent la vérité du dogme de l’écologisme. La pédagogie rabâche la réalité des faits. C’est un combat qui date du « siècle des Lumières. » Les lumières contre l’obscurantisme.