Quand passerons nous de la punition à l’incitation ?Alors que la COP27 et le discours écologiste ambiant chargent toujours un peu plus la culpabilité de l’humanité et nous assènent des mesure punitives en imaginant qu’une gestion verticale est la seule possible, il est dommage que les solutions horizontales soient laissées de côté. Pourtant les populations locales, bien incitées sont les mieux à mêmes de prendre par elles-même en charge les problématiques climatiques. C’est vrai pour les secteurs forestiers et agricoles. Pour cela il suffit de trouver les bonnes incitations.
Echec de la COP 27 et de l’écologie punitive et verticale
La COP 27 a été bien décevante, le seul point d’accord entre les pays représentés consiste à entériner le principe de la culpabilité occidentale pour les conséquences du dérèglement du climat, et donc à faire payer les occidentaux actuels pour les rejets de carbone du passé.
Ces « réparations » violent allègrement le respect du droit naturel, c’est à dire le principe de responsabilité individuelle qui fonde les lois de réparation des torts, principe du pollueur payeur, essentielles pour une protection efficace de l’environnement.
Comment exiger des occidentaux actuels des réparations pour des rejets de carbone faits par leurs grands parents ? Ces grands parents qui ne pouvaient, par ailleurs, avoir conscience de contribuer ainsi potentiellement au dérèglement du climat puisque la compréhension du climat n’existait pas à cette époque. Cette compréhension de la climatologie reste encore aujourd’hui entachée de nombreuses incertitudes malgré les énormes progrès réalisés…
Ce type de « réparations » ne peut être perçu que comme une injustice par des occidentaux pourtant majoritairement sensibilisés à la cause de la protection de l’environnement et près à se mobiliser.
Pourquoi briser ce formidable élan en associant l’écologie à la culpabilité et à la punition ?
L’argent ainsi transféré de la poche des contribuables occidentaux vers le reste du monde a toute les chances de se perdre dans les méandres de l’administration onusienne. Il est fort douteux que le niveau international soit le bon niveau pour agir efficacement en faveur de l’environnement en impliquant les populations locales.
À la fin des années 1980, en Éthiopie, sous le régime communiste du Derg, les paysans furent forcés de travailler à la plantation d’un million d’acacias dans la région Amhara (nord). À la chute du Derg en 1991, des résidents en colère ont arraché les arbres de ce projet imposé par le pouvoir central, pour y cultiver la terre.
L’écologie punitive imposée d’en haut n’a jamais fonctionné. Seules les incitations impliquant les populations locales et leur procurant un bénéfice concret ont fait la preuve de leur efficacité.
Nécessaire retour au niveau local
Roger Scrutton, dans son ouvrage « green Philosophy » explique ce constat par l’évolution de l’espèce humaine. L’évolution des humains s’est faite au jour le jour en fonction des besoins locaux et immédiats, nous sommes conçus pour agir en petits groupes (les « Little Platoons » de Burke) et trouver des solutions locales aux problématiques locales. Nous ne sommes absolument pas conçus pour les menaces globales et floues comme le changement climatique traité au niveau international. Les solutions technocratiques imposées d’en haut ne peuvent pas fonctionner car elles ne respectent pas nos biais cognitifs, nous ne sommes pas prédisposés pour y adhérer.
En 2019, en Éthiopie, une campagne massive de plantation d’arbres, sur la base du volontariat impliquant les populations locales et leur procurant des bénéfices concrets sous forme d’emplois ou d’équipements agricoles, a parfaitement fonctionné…Des milliards d’arbres ont déjà été plantés.
Le bon niveau pour agir efficacement en faveur de l’environnement en impliquant les citoyens est le niveau local.
Une action efficace pour limiter le problème du changement climatique doit donc viser à limiter les rejets de carbone localement, par l’incitation, en impliquant la population…
Dynamiser la gestion de nos forêts par la décentralisation
La bonne nouvelle, c’est qu’il est parfaitement possible de le faire en France ! Le bois des arbres de nos forêts et les sols agricoles sont des puits de carbone très efficaces.
Les progrès de l’agriculture Française ont permis d’accroitre substantiellement la productivité des terres. Cet accroissement de la productivité agricole a permis de produire autant en mobilisant une surface réduite. Ces terres de venues inutiles ont été utilisées pour accroitre la surface des forêts Françaises, qui couvraient en 1945 13% du territoire national et qui occupent aujourd’hui 31% de notre pays. Le bois étant principalement constitué de carbone, il représente un atout majeur pour limiter l’impact de nos rejets de gaz à effets de serre.
Pour stocker plus de carbone, il faut continuer à augmenter les surfaces forestières mais cela demandera une politique volontariste de l’état. L’office national des forets (ONF) est en crise par excès de centralisation comme l’atteste un rapport de la court des comptes. Selon ce rapport, l’échelle locale semble plus adaptée…L’organisation centralisée imaginée par Colbert ne convient plus. Cette réforme de la gestion des forêts par une large décentralisation, voire par la privatisation de certaines forêts domaniales, doit permettre la mise en place d’un écosystème forestier homéostatique.
La notion de système homéostatique est importante en écologie. Les systèmes homéostatiques sont des systèmes qui ont la capacité de se corriger d’eux mêmes sans interventions extérieures, rendant le système plus résilient et adaptable. Les principaux systèmes homéostatiques qui régissent nos vies sont les traditions, les marchés libres, les coutumes, les familles et les associations.
La large décentralisation prônée par la court des comptes doit permettre de dynamiser la gestion de la foret française en impliquant tous les acteurs locaux ainsi que les associations de protection de la nature afin de faciliter l’émergence d’initiatives locales.
Incitations fiscales et écologique
Pour que notre pays profite pleinement de ses exceptionnelles richesses sylvicoles, la réforme de l’organisation de la foret française doit s’accompagner de puissantes incitations fiscales pour assurer l’équilibre financier de la filière bois Française. Un chêne mettant 150 ans pour arriver à maturité, la gestion de la forêt doit s’envisager sur le long terme et il est illusoire d’imaginer qu’une forêt durablement déficitaire puisse perdurer…L’équilibre financier de cette filière est donc primordial pour sa pérennité.
La filière bois Française n’est plus compétitive car elle est pénalisée par des charges excessives, mettant ce secteur en situation de concurrence déloyale par rapport aux autres pays de l’Union Européenne. Cette filière pourvoyeuse d’emplois, 400000 personnes en dépendent, doit impérativement être dynamisée afin de procurer des débouchés en circuit courts pour les grumes issues de nos forêts afin d’optimiser la séquestration de carbone tout en retenant la valeur ajoutée en France. Pour enrayer la disparition des scieries françaises, qui sont passées de 7000 en 1970 à 1000 aujourd’hui, une action volontariste de l’état doit être envisagée sous forme d’incitation fiscale dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Une incitation fiscale puissante consisterait tout simplement à aligner les charges qui pèsent sur les entreprises de la filière bois Française sur la moyenne des charges prélevées dans le reste de l’union européenne afin de rétablir une concurrence loyale. Cette incitation irait dans le sens de l’histoire, c’est à dire de l’harmonisation des fiscalités pratiquées dans l’union.
Il est probable que l’effet de ces baisses de charges se traduise à terme par un surcroit de rentrées fiscales pour l’état Français lié au développement de l’activité de cette filière, cette incitation écologique pourrait donc se révéler être gagnante sur tous les tableaux.
Une véritable action volontariste de l’état doit se matérialiser par une baisse de la fiscalité (fiscalité écologique). Pour être véritablement incitative, la fiscalité écologique doit se matérialiser par des baisses d’impôts pérennes plutôt que par des subventions qui seraient perçues comme éphémères.
Transposition du mécanisme au secteur agricole
Les sols agricoles de notre pays ont d’énormes capacités de séquestration du carbone comme l’a démontré une étude de l’INRA. L’initiative 4 pour 1000, impliquant des modifications de pratiques culturales, peut stocker jusque’a 60% des émissions annuelles de carbone de notre pays dans les sols, principalement en grandes cultures.
Pour inciter nos agriculteurs à agir pour le climat, la même fiscalité écologique incitative que pour la filière bois, se traduisant par une baisse massive de charges, doit être appliquée à ceux qui feront les efforts nécessaires. C’est la encore une audace fiscale de la part de l’état qui devrait être gagnante sur tout les tableaux car les modifications culturales nécessaires pour séquestrer le carbone dans les sols accroit leur fertilité et réduit la consommation d’engrais…L’accroissement de la compétitivité du secteur consécutif à la mise en place de cette fiscalité écologique incitative devrait dynamiser la compétitivité du secteur agricole, procurer un revenu décent aux agriculteurs et enrayer la désaffection du secteur (27 fermes disparaissent chaque jour en France actuellement…).
Une politique d’état puissamment incitative sous forme de fiscalité écologique peut nous permettre de nous rapprocher de la neutralité carbone rapidement sans mettre en péril les finances publiques. Cette politique créatrice d’emplois et de richesses peut mobiliser la population autour d’un grand projet motivant. Il faudrait pour cela que l’état Français s’adapte en abandonnant ses habitudes centralisatrices, laisse s’épanouir une gestion plus locale et plus spontanée.
Et si l’action de l’état la plus efficace en faveur de l’écologie était de se contenter de mettre en place les bonnes incitations pour ensuite laisser les initiatives locales faire le reste ?
Image par Janusz Walczak de Pixabay