
Amsterdam a émis une obligation verte notée triple A la semaine dernière. Ce green boud, vendu un peu en dessous du coût d’une obligation classique a depuis connu un franc succès.
Les Pays-Bas sont devenus mardi le premier émetteur souverain d’une obligation verte noté AAA – la meilleure note possible pour les agences de notation financières, qui évaluent la fiabilité d’un titre. En se lançant sur le marché de la dette verte, le pays espère lever entre 4 et 6 milliards d’euros dédiés à la transition énergétique, l’écologie et l’adaptation aux changements climatiques.
L’idée est de porter ce montant à environ 10 milliards d’euros d’ici juillet 2040. Cette obligation aura une maturité de 20 ans et un taux de rendement (coupon) de 0,5 %. Mais la demande a finalement dépassé les 21 milliards (plus de 3,5 fois les besoins initiaux). « C’est la première fois qu’un emprunt ‘vert’ coûte vraiment moins cher à l’émetteur qu’un emprunt traditionnel, en l’occurrence avec une prime négative de 3 pb », s’enthousiasme Frédéric Gabizon, directeur DCM de HSBC.
Avec 12 banques qui collaborent avec l’agence néerlandaise de la dette (DSTA), cette dernière s’est lancée dans l’aventure. Et grand bien leur en a fait au vu du départ tonitruant de l’obligation. Celui-ci s’inscrit toutefois dans une dynamique préexistante : depuis quelques années, ce marché est en plein boom (+18% par rapport à 2017), tandis que sur la même période les obligations non-environnementales ont reculé de 10% en 2018.
Cette obligation doit servir à financer des projets bien précis comme le renforcement des travaux de protection contre les inondations, la surveillance et la gestion du niveau des eaux, des projets dans les énergies renouvelables, l’isolation des habitations et l’amélioration du réseau ferroviaire. « Avec cette émission, l’Etat entend donner le bon exemple » a commenté le ministre des Finances néerlandais, Wopke Hoekstra. « Notre ambition est d’émettre une obligation ‘vert foncé’ ».
« Jusqu’ici, les banques, compagnies d’assurance et fonds de pension néerlandais à la recherche d’investissements verts dans des obligations souveraines sûres devaient se tourner vers l’étranger. L’obligation verte représentera un actif solide pour tout portefeuille vert. Cela permettra aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles verts et aidera à développer davantage le marché intérieur des capitaux verts », explique le Ministre.
« Nous voyons cette émission d’obligation verte d’un très bon œil, notamment parce qu’il s’agit de la première obligation d’Etat verte et liquide dont les exigences sont aussi strictes. Par rapport à l’émission de ‘greenbond’ de la Belgique et de la France, l’opération présente davantage d’intérêt car le produit financera l’adaptation climatique qui est primordiale pour les Pays-Bas », estime Bram Bos, Lead Portfolio Manager Green Bonds auprès du gestionnaire d’actifs NN Investment Partners.
La Hollande est le sixième pays européen à se lancer sur le marché de la dette verte après la Pologne (décembre 2016), la France (janvier 2017), l’Irlande, la Belgique et la Lituanie l’an dernier.