Des fournisseurs d’énergie européens ont pris parti pour un système de prix plancher du carbone afin de faciliter la transition énergétique.
16 fournisseurs d’énergie issus d’une variété de pays européens ont élaboré une proposition commune visant à mieux accompagner la transition énergétique et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, comme le proposent la Commission européenne, le Parlement européen ou encore la France. Ces opérateurs (Drax, EDF, EHPA, EnBW, Eneco, Enercon, Engie, E.On, Nordex, Acciona, Ørsted, Simens Gamesa, SSE, Stiebel Eltron, Verbund et Vestas) demandent en effet à Bruxelles de fixer un prix minimum pour les émissions de CO2 afin de soutenir le développement des sources renouvelables et palier les manques du système d’échange de quotas d’émissions (ETS) mis en place en 2005.
« Des prix planchers pour le carbone dans le secteur de l’électricité, des transports et du bâtiment permettraient d’importantes réductions des émissions de CO2 supplémentaires, ce qui permettrait à l’Europe de s’approcher davantage de l’objectif fixé par l’accord de Paris » souligne leur plaidoyer. « Des signaux prévisibles et cohérents sur le prix du carbone sont largement considérés comme le moyen le plus rentable de favoriser la prise de décisions respectueuses du climat par les entreprises et les consommateurs », poursuit le document. Une telle mesure permettrait de réduire les émissions européennes de 100 millions de tonnes de CO2 par an.
« Les émissions proviennent de plus en plus de secteurs non couverts par l’ETS », a regretté Johannes Teyssen, PDG d’E.ON. « Il est vital que l’Europe s’oriente vers un prix du carbone dans tous les secteurs énergivores, […] Cela créera une réelle incitation à émettre moins de carbone et à uniformiser les règles du jeu entre l’électricité et les autres combustibles. » L’idée est de renforcer la compétitivité des sources d’énergie renouvelables tout en incitant les investissements dans les énergies vertes. « Un prix plancher du carbone réduirait la volatilité et l’incertitude » autour de ces nouvelles technologies, note Martin Neubert, CEO d’Ørsted Offshore.
Si une forme de consensus semble se former parmi les fournisseurs, les états membres sont, eux, divisés sur le sujet. La Pologne, la République Tchèque et la Hongrie sont par exemple opposées à l’introduction d’un prix minimum, car elles sont très dépendantes aux sources fossiles (en particulier au charbon). L’Allemagne, qui représente 21% des émissions européennes de GES et dont 40% de la production électrique vient du charbon, a également émis des réserves.
« En tant que dirigeants d’industrie, nous encourageons les États membres européens à adopter cette initiative », insiste toutefois Markus Tacke, CEO de Siemens Gamesa. « Nous pensons qu’un prix plancher du carbone constituerait une contribution importante à la décarbonation rentable de l’économie européenne et nous aiderait à atteindre les objectifs de l’accord de Paris. La transition vers un monde plus propre est une mission que nous soutenons et embrassons », a-t-il ajouté.