
Des chercheurs du CNRS et de l’université Grenoble Alpes découvrent que moitié du mercure émis annuellement par les activités humaines est absorbée par les plantes et expliquent les variations saisonnières de cette pollution.
Entre deux et trois mille tonnes de mercure sont relâchées dans l’atmosphère, où il se disperse à l’échelle planétaire. Une étude publiée ce 2 avril dans Nature géoscience a démontré que l’agent est absorbé de manière significative par la végétation. Près de la moitié des émissions de mercure serait en effet piégée annuellement dans les feuilles d’après le laboratoire Géosciences environnement Toulouse, le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et l’Institut des géosciences de l’environnement.
Martin Jiskra et Jeroen Sonke du laboratoire Géosciences Environnement Toulouse se sont penchées les données de cinq stations forestières situées dans l’hémisphère nord et des référents dans l’hémisphère sud. On savait déjà qu’au printemps et en été, en période de croissance végétale, les plantes absorbent du CO2 et en font diminuer la teneur dans l’atmosphère. L’étude a établi que la végétation se comportait de manière similaire avec le mercure.
En effet, la teneur en mercure atmosphérique mesurée à proximité des cinq sites de l’hémisphère nord évolue suivant les saisons de manière similaire au CO2. En revanche, à l’île d’Amsterdam, située dans l’Océan indien, loin de toute forêt, les variations saisonnières des deux éléments est « proche de zéro ». Elle conclut donc que « la végétation agit comme une pompe biologique pour le mercure atmosphérique et joue un rôle prépondérant dans la saisonnalité de ce composé ».
« Les stomates des plantes servent de lieu d’échange de toutes sortes de gaz dont certains à l’état de trace comme le mercure, et cette assimilation n’a pas d’influence sur la photosynthèse car le mercure gazeux se trouve à des teneurs trois milliards de fois inférieures à celles du CO2 », détaille Jeroen Sonke. En revanche, si les plantes ne sont pas affectées par le mercure, la faune, elle, subit sa toxicité de plein fouet.
Le métal séquestré dans les feuilles tombe en effet sur les sols avec les feuilles au moment de l’automne où il s’accumule. « Le mercure contenu dans les sols finit par s’écouler dans les écosystèmes aquatiques, y compris les lacs et les océans, où il s’accumule jusqu’à des niveaux toxiques pour les poissons », met en garde l’étude. « Finalement les plantes dépolluent l’air, pour ensuite polluer les sols, et par ruissellement les lacs, rivières et océans », conclut Jeroen Sonke.